C’est une vieille théorie physique que tente d’appliquer le gouvernement au marché de l’emploi : celle des vases communicants, en mettant en relation les entreprises qui connaissent des pénuries de main-d’œuvre avec celles qui sont en sureffectifs. Le dispositif de « transitions collectives », conçu par l’État et les organisations patronales et syndicales – exemple rare de bon fonctionnement d’un tripartisme à la française –, a ceci de particulier qu’il ne vise pas à recaser des salariés dont l’emploi est menacé pour qu’ils exercent ailleurs le même métier. Mais à les accompagner dans le cadre d’une véritable reconversion ou transition professionnelle sur le même bassin d’emploi. C’est ainsi que des caissières de la grande distribution pourront devenir aides-soignantes. On s’en doute, ce tour de passe-passe suppose un accompagnement lourd en matière de formation et l’État a sorti le carnet de chèques avec une enveloppe de 500 millions d’euros sur deux ans. Pour avoir une chance de réussir, il nécessite également que l’ensemble des acteurs de l’emploi et de la formation se mette autour de la table, à l’échelon d’un territoire. Alors, même si le dispositif décolle lentement et concerne in fine un petit nombre de salariés au vu de l’ampleur des restructurations redoutées dans les prochains mois, faire travailler ensemble entreprises, acteurs de l’intérim, organismes de formation et collectivités territoriales autour d’une gestion prévisionnelle des parcours professionnels est déjà une petite victoire.