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Sur le terrain

Égalité professionnelle : RAS Intérim lance une formation non mixte pour les métiers de la conduite

Sur le terrain | publié le : 31.05.2021 | Dominique Perez

Des sessions de formation 100 % féminines pour inciter des candidates à se former aux métiers de la conduite : RAS Intérim a lancé en 2020, à Toulouse, une première promotion de dix candidates dans le cadre d’un programme intitulé « Agir au féminin. » Et étend l’opération en France.

Au total, quelque 80 femmes auront intégré d’ici au 21 septembre prochain, le parcours « Agir au féminin », proposé par la société d’intérim RAS. À la clé : des titres professionnels dans les domaines du transport routier de marchandises pour 70 d’entre elles et de transport routier de voyageurs pour les autres. Partant du constat que la surreprésentation masculine dans les formations à la conduite était un frein pour certaines femmes, RAS Intérim a tenté la non-mixité des promotions, avec succès. « Nous avons vu arriver des jeunes filles de 23 ou 24 ans, jusqu’à des mères de famille en reconversion qui avaient le rêve de conduire des camions depuis très longtemps… », témoigne Amel Touag, responsable développement formation de RAS. Une ex-DRH de la fonction publique a ainsi pris un tournant radical dans sa vie professionnelle.

Pour Nadine Louis, 51 ans, ex-chargée de clientèle dans un parc à thème en Vendée, ce cursus est arrivé à point nommé, au moment où elle se posait des questions sur son avenir. « J’ai toujours voulu “manger du bitume”, reconnaît-elle. Mais, il y a encore vingt ans, cela semblait presque impossible. Je n’avais pas vraiment osé l’envisager jusqu’à présent. » Pour contrer les réticences ou freins de part et d’autre, RAS Intérim a pris toutes les précautions. Tout d’abord, réunir un pool d’entreprises clientes prêtes à une ouverture vers des candidatures féminines, afin de les inclure dans le parcours de formation et pour que chaque candidate ait une entreprise référente. « Les barrières à lever côté employeur concernent leurs doutes sur la capacité des femmes à supporter certaines conditions de travail, notamment dues au port de charge, à la manutention, aux arrêts fréquents pour les livraisons. Nous sommes encore dans les a priori. Mais nous avons ciblé des secteurs où ces contraintes sont moins présentes, les domaines des poids lourds et super-lourds de préférence à la messagerie. »

Elle constate cependant une évolution certaine chez les employeurs : « Des entreprises viennent aujourd’hui spontanément vers nous pour féminiser leurs équipes. Cela fait partie de leur démarche égalité professionnelle. Même si cela reste évidemment encore un métier d’homme. » Les chiffres sont parlants : on compte, sur 210 000 conducteurs routiers, une proportion de 5 % de femmes seulement. Or la pénurie de main-d’œuvre dans les métiers du transport incite les employeurs à ouvrir plus grandes leurs portes aux femmes. Pour Anthony Josso, formateur et chargé de recrutement chez le transporteur Audureau, basé à Saint-Fulgent en Vendée, qui a choisi deux futures salariées par ce biais, la proposition de RAS Intérim est ainsi une occasion supplémentaire d’identifier de futures recrues sur un marché de l’emploi extrêmement tendu. « Nous avons moins de 5 % de chômage dans le secteur dans la région, constate-t-il. Nous sommes ouverts depuis toujours à tous les profils, quel que soit le genre, la nationalité… et nous recevons de plus en plus de candidatures féminines, très bienvenues. »

Une voie de reconversion en vogue ?

Identifiées et présélectionnées majoritairement par Pôle emploi, mais également par d’autres partenaires, tels que les missions locales, Cap emploi ou le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles, les candidates sont contactées pour un entretien avec les agences locales de RAS. Après une réunion d’information sur les métiers, elles suivent un parcours de recrutement qui contient notamment un test de conduite d’un poids lourd sur piste, « pour évaluer le respect des consignes et le niveau éventuel de stress », précise Amel Touag, avant de passer des tests visant à évaluer leurs savoirs de base. Enfin, un job dating avec les entreprises partenaires est organisé, avant une période d’immersion chez ces mêmes employeurs, dans le cadre d’une période de mise en situation en milieu professionnel qui permet de valider le choix d’un métier et de conditions de travail (travail de nuit, type de transport…). « Nous devons vraiment valider le projet en amont, pour sécuriser les parcours au maximum ».

D’une durée de 434 heures à plein temps sur trois mois, les parcours de formation permettent d’obtenir soit le titre professionnel de conducteur transport en commun sur route, soit le titre de conducteur sur porteur. Un parcours qui peut être complété par un contrat de professionnalisation portée par RAS, pour une formation SPL (super poids lourds). Les 100 % de réussite affichés pour les 30 femmes qui ont déjà terminé le titre professionnel conducteur sur porteur permettent d’envisager une suite durable à l’expérience.

Auteur

  • Dominique Perez