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Sur le terrain

Culture d’entreprise : Hubspot, l’éternel vacancier

Sur le terrain | publié le : 06.12.2021 | Caroline Crosdale

L’éditeur américain de logiciels Hubspot privilégie l’autonomie de ses troupes. Et leur fait tellement confiance qu’il propose des congés illimités – ou presque…

Hubspot, plateforme de gestion des relations clients dans le Massachusetts, n’a pas toujours eu bonne réputation. Le livre du journaliste Daniel Lyons, qui a passé 20 mois dans l’entreprise, critique avec force la culture maison. Disrupted : My Misadventure in the Start-up Bubble (Mes mésaventures perturbées dans la bulle d’une start-up), publié en 2016, ne cite pas noir sur blanc Hubspot, mais c’est bien ce groupe, créé 10 ans plus tôt, qui l’a inspiré. L’auteur, d’une soixantaine d’années aujourd’hui, est déjà à l’époque jugé préhistorique par ses collègues, amateurs de bières, de bonbons et de jeux de ping-pong. Ces jeunes, plutôt blancs, tout juste sortis de l’université, sont entièrement dévoués aux deux fondateurs, Brian Halligan et Dharmesh Shah, deux anciens du MIT. Mais, assure Daniel Lyons, la start-up n’est en fait qu’une « usine à sueur digitale », offrant très peu de sécurité de l’emploi. Est-ce cette image peu flatteuse qu’Hubspot a voulu rectifier ? Toujours est-il que cinq ans plus tard, le groupe de plus de 3 000 salariés, avec des filiales à Paris, Dublin, Berlin, Londres, Tokyo… affiche un nombre impressionnant de distinctions. Parmi celles-ci, une très belle quatrième place dans le palmarès des meilleures entreprises où il fait bon travailler de Glassdoor, le moteur de recherche d’emploi. Les ingénieurs, designers, programmeurs… ont anonymement couvert de lauriers leur employeur pour sa culture de la diversité et ses facilités de travail à distance. « J’ai travaillé dans de nombreuses entreprises, témoigne ainsi l’un des intéressés. J’ai planché chez Goldman Sachs et Disney. Sans aucune hésitation, je peux dire qu’Hubspot a une culture unique qui lui vaut ma loyauté et ma reconnaissance. »

Pas de réunion le vendredi

Depuis l’arrivée de l’épidémie de Covid-19, le travail à la maison n’est plus vraiment un signe distinctif. Presque tous les employeurs ont introduit une dose de flexibilité dans leur organisation. Mais Hubspot a été parmi les premières, en 2020, à proposer le travail complet à distance. Et, particularité non négligeable, les salariés peuvent installer leur bureau n’importe où dans le monde pendant trois mois, afin d’éviter le burn-out.

L’équilibre vie professionnelle/vie personnelle semble très important. C’est ainsi qu’au moment de la sortie du confinement après Covid, Katie Burke, Chief People Officer (responsable des ressources humaines), a constaté que ses troupes étaient fatiguées, déconnectées, bref, mal en point. Et elle a décrété une semaine de repos pour tous.

La priorité est donnée au « travail profond ». Les réunions à répétition sont interdites en interne les vendredis. On peut encore rencontrer les clients, si le besoin se fait sentir. Mais managers et collègues ne se voient pas. L’objectif : réfléchir ou travailler sereinement sur un grand projet, seul dans son coin. La responsable des ressources humaines met l’accent sur le besoin de se débrancher. Et les managers doivent donner l’exemple, en signalant par exemple sur l’application Slack qu’ils sont en famille et indisponibles.

Le besoin de se débrancher est tel qu’Hubspot accorde des vacances illimitées à ses équipes. Qu’on ne se trompe pas. Il ne s’agit pas de prendre quatre mois de congé du jour au lendemain. « J’ai des dates limites de rendu de mon travail, des objectifs à atteindre », explique Corey Eridon, créatrice d’un blog sur Hubspot. Mais si le salarié a rendez-vous chez le médecin ou besoin de quitter le bureau de bonne heure pour éviter les embouteillages, il n’a pas besoin de demander à son chef une permission exceptionnelle. Chez Hubspot, on dit aux salariés « d’user de leur bon sens » pour organiser leur travail. Et au bout de cinq ans, les fidèles décrochent un mois de congé sabbatique – et un bonus de 5 000 dollars pour concrétiser leurs vacances de rêve.

Valeurs du cœur

Ces avantages, devenus légendaires, sont conformes à une forte culture d’entreprise codifiée par Dharmesh Shah. Chacun est prié de suivre les valeurs HEART, soit les valeurs du « cœur », HEART étant un condensé d’Humilité, Empathie, Adaptabilité, Remarquabilité et Transparence. Dans la vie de tous les jours, cela se traduit par beaucoup d’autonomie. Et un recrutement qui met l’accent sur la flexibilité et l’envie d’apprendre. En outre, lorsqu’un salarié propose une innovation, elle est soumise à la règle alpha, beta. Alpha, l’intéressé travaille sur son idée pendant son temps libre. Beta, il la présente à la direction. Et si elle est acceptée, il la met en application.

Auteur

  • Caroline Crosdale