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Les clés

De l’urgence du monde d’après

Les clés | À lire | publié le : 31.01.2022 | Lydie Colders

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De l’urgence du monde d’après

Crédit photo Lydie Colders

Dans leur manifeste « De quoi avons-nous vraiment besoin ? », les Économistes atterrés prônent une grande « bifurcation écologique et sociale » centrée sur les besoins essentiels. Gouvernance, modes de fabrication, travail, tout doit changer…

Le capitalisme d’expansion sans limites ne tient plus, créant une crise écologique sans précédent, au point d’épuiser les ressources de la planète. La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’accélérer cette prise de conscience « des inégalités économiques et sociales », accrues par la financiarisation de l’économie. Reprenant le discours du monde d’après, vite oublié, ce nouveau livre des Économistes atterrés fustige le néolibéralisme qui « nous conduit à des impasses folles », mortifères pour la planète et la société. Un appel à une autre politique « volontariste ». À partir ce fil directeur, ce collectif keynésien propose un renversement de modèle, remettant au cœur l’écologie et l’égalité sociale. L’activité économique doit revenir aux valeurs humaines fondamentales : se nourrir, se loger, se soigner, s’éduquer et produire et travailler ensemble, « de façon plus démocratique ».

Limiter le pouvoir des actionnaires

Pour eux, ce changement radical est impossible sans « limiter la puissance » des multinationales des secteurs de première nécessité (agroalimentaire, eau), qui disposent « d’un pouvoir excessif » et exercent un lobbying politique intense. De plus, la domination des marchés financiers sur la stratégie des grands groupes « conduit à donner la priorité absolue aux actionnaires, au détriment des salariés. » Ils jugent donc urgent de limiter le pouvoir actionnarial « en réduisant la concentration du capital productif ou de titres détenus par un individu ». Et de renforcer celui des salariés et parties prenantes, en créant un comité social et écologique « avec droit de veto » pour contrôler l’activité d’un groupe. « Les critères sociaux et environnementaux » doivent guider la production et le financement public des entreprises… À noter : face à l’enjeu majeur « du vivre ensemble », ces économistes plaident pour réduire fortement les écarts de salaires entre PDG et salariés, avec une échelle comme dans la fonction publique : « un écart de 1 à 4 est un objectif raisonnable, avec une revalorisation du pouvoir d’achat des bas salaires », disent-ils.

Davantage d’emplois locaux

Relocaliser est-il possible ? Les auteurs estiment que les relocalisations d’entreprises pourraient être encouragées, via « une taxe kilométrique sur les importations et les exportations de biens non essentiels ». Et qu’il est nécessaire d’augmenter l’argent public versé aux PME engagées dans la transition écologique et de soutenir le « low tech » et la création de Scop. En matière de travail, le propos est plus classique : le collectif approuve l’idée « de la garantie d’emploi », socialement utile, pour les demandeurs d’emploi volontaires, dans des collectivités ou des associations. Et soutient qu’une baisse (modérée) du temps de travail créerait des emplois. Un livre engagé pour réfléchir à un avenir durable.

Auteur

  • Lydie Colders