Les innovations produiraient aujourd’hui un effet ciseaux sur le marché du travail, au niveau macroéconomique. En première lame, la robotique entraînerait une réduction de la quantité de travail physique. Une augmentation de 10 % du parc de robots industriels est ainsi associée à une augmentation de 0,42 point du taux de chômage, observe le chercheur Florent Bodot dans le dernier numéro de la revue Journal of Innovation, Economics and Management. Les données proviennent d’un panel de 33 pays de l’OCDE couvrant la période 2005-2017. En seconde lame, l’intelligence artificielle, au sens des machines apprenantes, diminuerait les tâches cognitives. Les statistiques révèlent des pertes d’emploi, mais dans des proportions plus faibles et plus difficiles à chiffrer précisément que pour la simple robotique. Ce double chômage technologique touche ainsi tous les types de travaux et tous les niveaux de qualification, même si les qualifications moyennes et faibles, ainsi que les plus jeunes salariés, restent les plus exposées. Chez les seniors, l’effet bénéfique de l’expérience professionnelle l’emporterait légèrement sur l’effet négatif de l’obsolescence des compétences. En France, le dernier plan de l’exécutif sur l’intelligence artificielle, présenté en novembre dernier, mise, lui, sur les emplois générés par ce nouveau secteur, alors que les recrutements font face à une insuffisance du nombre de cerveaux. Une enveloppe de 700 millions d’euros est ainsi consacrée à la formation.