Quand la flambée immobilière s’est brusquement arrêtée, avec la crise de 2008, les destructions d’emplois se sont élevées à près de 2 millions dans le bâtiment (sur 3 millions de salariés dans le secteur à l’époque). Aujourd’hui, ces travailleurs sont de nouveau en forte demande. Mais ils manquent à l’appel. Au point que la reprise économique est en danger. Au point, aussi, de mettre en péril le versement des fonds alloués par l’Union européenne pour des projets de construction et de rénovation. L’Espagne cherche au moins un demi-million de travailleurs du bâtiment, selon le patronat et les syndicats. Les entreprises forment autant qu’elles le peuvent, et visent 200 000 bénéficiaires de formations cette année. Elles offrent également des salaires de plus en plus élevés pour attirer des candidats : 24 000 euros pour un ouvrier de la construction, un salaire annuel qui dépasse aujourd’hui celui de certains architectes, selon les experts, et environ 18 500 euros pour les autres travailleurs manuels. Et elles cherchent aussi à recruter du côté de l’Afrique et de l’Amérique latine… Malgré toutes ces initiatives, au moins 70 % des entreprises du secteur ont dû refuser des contrats l’an dernier en raison de la pénurie de main-d’œuvre, selon les données de la principale fédération. Difficile, dans ces conditions, pour l’Union européenne de débourser dans les mois qui viennent les premiers 5 milliards d’euros, puisqu’ils visent précisément les opérations de réhabilitation immobilière. D’autant que l’UE veut voir une réduction du taux de chômage espagnol, estimé à 14,4 % pour cette année.