logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

États-Unis : Rocket Companies s’attaque au burn-out

Sur le terrain | publié le : 14.03.2022 | Caroline Crosdale

À Detroit, les Rocket Companies, expertes en prêts immobiliers, se mobilisent contre le surmenage des troupes – et pour leur ville.

« Les rencontres virtuelles s’enchaînent, vous n’avez même pas le temps d’aller aux toilettes. Arrêtez-vous, allez chercher un sandwich, éloignez-vous de votre ordinateur » : ce sont les conseils de Jeannette Baum, représentante de l’équipe marketing de Rocket Mortgage, l’une des divisions des Rocket Companies, un géant du prêt immobilier, basé à Detroit, dans le Michigan. Lorsque l’épidémie de Covid-19 a frappé, la maison mère a renvoyé 98 % de ses 24 000 salariés chez eux. Dans l’urgence, 15 millions de dollars ont été débloqués pour les équiper en outils informatiques.

Cotée au New York Stock Exchange, la société Rocket Companies a révolutionné les prêts immobiliers, prêts autos et prêts à la consommation en utilisant l’intelligence artificielle, l’analyse des données et la blockchain… Autant dire que les salariés n’ont plus besoin de rencontrer les clients pour décider s’ils vont prêter. En outre, le processus est très rapide et tout à fait adapté aux emprunteurs en ligne, qui ont pianoté sur leur tablette pendant l’épidémie. Au point que le chiffre d’affaires de l’entreprise a triplé en 2020, pour atteindre 16 milliards de dollars. Mais la charge de travail a explosé. Les équipes, épuisées, risquaient le burn-out…

Avantages en tous genres

La direction de Rocket Companies a donc mis en place un programme en trois temps pour les soulager. D’abord, un assouplissement dans le fonctionnement. Finis les traditionnels horaires, rigides, de 9 heures à 17 heures, les salariés choisissent leurs périodes de travail en fonction des besoins familiaux. Ensuite, la mise en place de pauses régulières dans la journée pour souffler. Enfin, l’octroi d’un jour de congé supplémentaire, pour l’anniversaire du collaborateur.

Ces petites attentions ont plu. Great Place to Work (GPW), qui prépare le palmarès des meilleures entreprises pour le magazine Fortune, souligne que l’an dernier, 95 % des salariés ont estimé qu’il faisait bon travailler chez Rocket, alors que les entreprises américaines se contentent en moyenne d’un 57 %.

Pour Jay Farner, le directeur général du groupe, cette place en haut du podium, aux côtés de Cisco, Salesforce, les hôtels Hilton et les supermarchés Wegmans, s’explique par la culture maison. « Tout ce que nous faisons, dit-il, est encadré par nos “ismes”. » Capitalisme, simplisme, activisme ? Jay Farner ne détaille pas… Il se contente de mettre en avant une vingtaine de principes philosophiques qui se résument en quelques phrases : la simplicité est géniale, dire oui avant de dire non, se concentrer sur ce qui est juste… Autres « ismes » du dirigeant : « les affaires ne se résument pas au profit » et « on doit voir au-delà de la fiche de paie »…

Pour les collaborateurs, cela se traduit par une salle de gym et un cabinet médical au siège social, une aide pour trouver d’éventuelles gardes d’enfants, une excellente assurance santé qui s’étend aux animaux de compagnie et plus de quatre semaines de vacances par an – ce qui, aux États-Unis, est particulièrement généreux.

Proche de ses « voisins »

Par ailleurs, lorsque l’an dernier, le mouvement Black Lives Matter a pris de l’ampleur, Rocket a mis en pratique un autre de ses « ismes » : faire ce qu’il faut. L’entreprise a promis de diversifier son embauche en recrutant 10 % de ses stagiaires dans les universités noires. Et à l’été 2021, ils étaient déjà 12 %. La fondation du groupe, alimentée par le créateur de l’entreprise, Dan Gilbert, a en outre participé au financement d’une académie Apple de développeurs à Detroit. Et les habitants du cru y sont prioritaires.

La direction de Rocket Companies a beau être à l’origine d’un prêt immobilier sur 14 aux États-Unis, elle se veut toujours proche de ses « voisins », en clair, les habitants de Detroit, ville durement touchée par le chômage et la pauvreté. C’est pourquoi elle encourage le volontariat, payé sur les deniers de l’entreprise. Depuis 2010, 417 000 heures ont été consacrées à la philanthropie maison. Et bien sûr, pendant la pandémie, l’entreprise a multiplié les efforts. Ses ingénieurs ont travaillé avec la ville de Detroit afin de lancer un grand centre de tests, puis de vaccinations, facile d’accès. En cinq jours, ils ont créé un centre d’appels. Leur logiciel a organisé les prises de rendez-vous et l’envoi des tests au laboratoire. De quoi gérer 1 000 rendez-vous quotidiens. « We got this, Detroit » (« On s’en occupe, Detroit »), annonçait l’entreprise, à l’entrée du centre. Une fois de plus, les 18 000 salariés de Rocket, qui habitent dans la ville, ont apprécié.

Auteur

  • Caroline Crosdale