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États-Unis : L’étau se resserre sur Starbucks en matière de syndicalisation

À retenir | publié le : 28.03.2022 | Lys Zohin

Le National Labor Relations Board, agence fédérale qui applique le Code du travail sur le terrain aux États-Unis, vient de déposer plainte contre Starbucks, estimant que la chaîne de cafés avait illégalement pénalisé deux de ses salariés en Arizona. Ces derniers avaient lancé une initiative pour affilier les équipes à un syndicat dans un établissement de Phoenix, et en avaient subi les conséquences : dans un cas, Starbucks avait envoyé une lettre d’avertissement et suspendu la salariée, dans l’autre, l’employeur avait refusé les préférences émises en matière d’horaires de travail, ce qui avait conduit à un licenciement.

Ces salariés font partie d’une campagne qui a déjà réussi à syndiquer six cafés de la chaîne, dans le nord des États-Unis et en Arizona depuis décembre dernier, sur les 9 000 que possède Starbucks dans le pays. En outre, les salariés d’environ 150 cafés tentent actuellement de lancer une consultation auprès de leurs collègues en vue d’une affiliation à un syndicat. C’est la première fois qu’une antenne régionale du NLRB dépose plainte contre Starbucks depuis le début de la campagne de syndicalisation.

Mais le gouvernement fédéral n’est pas le seul à mettre la pression sur la chaîne. Un groupe d’investisseurs vient de faire de même, en envoyant une lettre à la direction lui enjoignant de changer son attitude vis-à-vis des syndicats. La lettre, émanant d’une coalition de fonds de pension et de fonds à impact social, regroupant plus de 70 investisseurs, affirme en effet son soutien aux salariés de Starbucks qui veulent être défendus par un syndicat, notant au passage que le mouvement s’intensifie aux États-Unis. « Alors que de plus en plus de salariés de Starbucks doivent décider s’ils veulent être représentés par un syndicat, nous pensons que l’entreprise doit s’engager à adopter, publiquement, une attitude neutre, et lancer des négociations collectives équilibrées et rapides avec les représentants des salariés, au cas où ils s’affilient à un syndicat », martèle la lettre, qui enchaîne en condamnant les efforts déployés par Starbucks pour contrer toute tentative de syndicalisation. L’entreprise de Seattle a non seulement pénalisé ou licencié certains militants, mais en plus, elle manipule les salariés contre les syndicats en permanence et a même envoyé dans certains de ses établissements de grosses pointures, y compris l’ancien PDG Howard Schultz, pour prêcher « la bonne parole ».

« Nous pensons que l’attitude de Starbucks face aux tentatives d’affiliation est en contradiction avec les standards internationaux dans ce domaine, de même qu’avec ses propres engagements. D’autant que si les salariés se sentent en sécurité et défendus, ils sont plus productifs. En outre, c’est la réputation de Starbucks qui est en jeu, puisque d’une part, les consommateurs américains soutiennent les syndicats à 68 % selon les derniers sondages, et que, d’autre part, 42 % d’entre eux déclarent ne pas avoir envie de dépenser leur argent dans des établissements qui tenteraient de limiter les moyens de défense des salariés », conclut la lettre.

Reste que l’ancien PDG, Howard Schultz, qui va revenir temporairement à la tête de l’entreprise – l’actuel dirigeant, Kevin Johnson, ayant annoncé qu’il prenait sa retraite le 4 avril – n’a jamais caché son hostilité envers les syndicats. Selon lui, les salariés, qu’il appelle des « partenaires », savent qu’ils sont écoutés par la direction et n’ont pas, en conséquence, besoin d’être représentés…

Auteur

  • Lys Zohin