logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les clés

Histoires de burn-out

Les clés | À lire | publié le : 11.04.2022 | Lydie Colders

Image

Histoires de burn-out

Crédit photo Lydie Colders

Dans « Réussir son burn-out », des salariées témoignent de leur effondrement. Des récits édifiants pour mieux comprendre cette « pathologie », liée à des conditions de travail éprouvantes.

Toutes les études l’attestent : depuis quelques années, la souffrance psychique des salariés augmente et le nombre d’arrêts de travail également. On évoque souvent une épidémie de burn-out. Ce terme est-il usurpé, euphémisé, trop à la mode ? Cette décompensation peut parfois être sévère, à lire ce recueil très personnel. Dans cet ouvrage choral, sept salariées accompagnées par une Carsat (qui ont ensuite monté une association d’aide aux victimes de burn-out) racontent cette épreuve. Et leur rétablissement, très long. Une infirmière épuisée, envahie « par les protocoles » administratifs qui finira hospitalisée pour dépression, une chercheuse en sciences humaines brutalement placardisée, victime d’un malaise proche de l’AVC, une assistante dans l’informatique se démenant dans une réorganisation, avec son lot de dysfonctionnements, s’effondrant… Écrits avec du recul, ces récits illustrent qu’un burn-out survient sans prévenir, à trop tirer sur la corde. Et peut être grave : épuisement total, dépression, voire cancer inopiné… Avec des séquelles durables. Corinne, la chercheuse, dit avoir souffert de problèmes de mémoire, des « troubles cognitifs qui perdurent encore ».

Une blessure de travail

La plupart évoquent une « brisure » de l’amour de leur métier (lire le récit de cette conseillère bancaire parlant de son travail comme d’un « champ de bataille qui l’a mutilée », ne se reconnaissant plus dans des tâches accélérées par le numérique). En réalité, « le burn-out est une pathologie de l’activisme » décrypte la psychologue sociale Pascale Molinier. Il touche des salariés « qui travaillent de plus en plus sans s’écouter », dans un monde « qui a fini par considérer l’excès de travail comme normal ». Pour elle, les entreprises se dédouanent de leur responsabilité : « Le travail suffit à déstabiliser l’équilibre psychique, nul besoin de faire appel à une quelconque fragilité ou à des problèmes personnels. » Au contraire, ces femmes « sont bel et bien fortes », mais confrontées « à des contraintes qui pèsent de plus en plus », et finissent par craquer. Ce problème de surinvestissement est désormais connu, mais le burn-out reste dans l’ombre… Si tous les cas ne sont pas aussi graves, ce recueil est intéressant pour comprendre cet engrenage infernal et les ravages du travail. Utile pour les salariés et les CSE. Seul regret : aucun témoignage d’hommes, pourtant concernés eux aussi par ce fléau contemporain…

Auteur

  • Lydie Colders