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Canada : Le français s’impose aux entreprises… québécoises

À retenir | publié le : 13.06.2022 | Ludovic Hirtzmann

L’adoption récente, par l’Assemblée québécoise, de la Loi 96, dite Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, a créé l’émoi dans les entreprises. À travers ce texte, les autorités de la Belle Province veulent endiguer le déclin de la langue de Molière, notamment au travail. Le tour de vis porte sur plusieurs points : dans le milieu professionnel, il faudra parler français dans les entreprises de plus de 25 salariés, lorsque les employés le demanderont. Actuellement, dans certaines sociétés, il suffit de la présence d’un anglophone dans une réunion pour que les francophones se soumettent à l’anglais… Un patron devra aussi prouver qu’il généralise l’usage du français dans son entreprise. À défaut, il devra créer un comité de francisation pour que les salariés apprennent le français. Il y aura aussi une exigence de parler le français lors des entretiens d’embauche. Le Québec imposera également aux immigrants l’usage du français dans les services publics et de santé. Les nouveaux venus auront une période de grâce de six mois après leur arrivée dans la province pour se mettre en règle et apprendre la langue de leur pays d’accueil. À défaut, ils ne recevront que des services en français – qu’ils le comprennent ou pas. Enfin, si le nombre d’élèves dans les collèges anglophones sera plafonné et ne pourra pas augmenter, l’affichage public, aussi visé, devra être encore plus en français qu’il ne l’est actuellement. En cas de non-respect de la loi, les amendes seront comprises entre 700 dollars et 30 000 dollars canadiens (de plus de 500 euros à plus de 22 000 euros). Les autorités peuvent s’appuyer sur l’Office québécois de la langue française, qui distribue des amendes aux commerces dont les panneaux d’affichage sont en anglais.

Francophobie latente

Si la Loi 96 peut étonner, elle s’explique. Les 8,5 millions de Québécois sont noyés dans un ensemble nord-américain de plus de 350 millions d’anglophones. Le français est d’autant plus menacé que le gouvernement canadien, dirigé de facto par des anglophones, ne l’a, au-delà des beaux discours, jamais vraiment promu. Une infime minorité de Canadiens anglais parlent français. Ainsi, le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, qui vit à Montréal depuis 2007, a défrayé la chronique ces derniers mois après avoir déclaré benoîtement qu’il n’avait pas eu le temps d’apprendre le français… Des plaintes sont régulièrement déposées contre Air Canada, dont peu de personnels parlent le français hors Québec. Il est enfin désormais difficile d’être servi en français dans certains commerces montréalais, dont les propriétaires, Indiens ou Chinois, privilégient l’anglais. Les anglophones ont annoncé leur intention de contester la Loi 96 devant les tribunaux. Certains appellent au boycott de commerces francophones, telle cette boulangerie montréalaise, tenue par un Français qui refuse de servir ses clients en anglais ! Et la Loi 96 est encore plus ambitieuse. Le Premier ministre du Québec François Legault veut contrôler l’immigration dans la province, alors qu’un certain nombre de nouveaux venus non francophones sont imposés par le gouvernement fédéral – sans oublier de flatter la fibre indépendantiste de ses électeurs, à quatre mois d’élections générales…

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann