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Aide aux victimes : Se tourner vers les associations pour s’en sortir

Le point sur | publié le : 27.06.2022 | N. T.

À Valence (Drôme), l’association REMAID, créée en 1990 à l’initiative de magistrats, a monté un guichet unique sur la santé au travail qui accompagne les victimes de violences, et notamment de harcèlement sexuel.

En 2021, l’association REMAID, créée en 1990 par des magistrats, a pris en charge dix salariées victimes de harcèlement sexuel, dont trois ayant dénoncé des viols – punis de 20 ans de réclusion criminelle s’ils sont commis par l’employeur dans le cadre du travail. « Les victimes, parfois très investies professionnellement, nous décrivent la sensation d’un piège qui se referme sur elles, c’est extrêmement violent », raconte Fabrice Delabroy, le directeur de REMAID-France Victimes 26 (Drôme). « Elles cherchent à anticiper, mais c’est impossible. Le harceleur a toujours un coup d’avance. Vous ne savez jamais à quoi vous attendre le lendemain. Beaucoup nous disent l’angoisse que cela représente ; l’alimentation et le sommeil sont perturbés… La victime est perdue, absente au sein de sa famille. Elle est envahie par cette problématique tout en essayant de donner le change, car c’est extrêmement difficile à révéler », poursuit le responsable qui cite l’exemple de cette femme. « Elle faisait des détours de plusieurs dizaines de kilomètres pour aller au travail… », se souvient-il.

Souvent arrêtées par leur médecin traitant, les victimes sont orientées vers l’association qui les informe de leurs droits et leur propose un soutien psychologique. Alertée, la CPAM locale, un partenaire de poids, leur offre plus de temps pour soigner leur psycho-trauma et rebondir. Un groupe dans lequel d’anciennes victimes interviennent complète l’accompagnement des professionnels : psychologues, sophrologues ou juristes. « Les personnes que nous avons suivies ont toujours retrouvé confiance, un emploi, et s’épanouissent. On peut se relever de tout ça », assure Fabrice Delabroy.

L’engagement des employeurs auprès des victimes

Il constate également, depuis vingt ans que l’association œuvre sur ces questions, une amélioration dans la prévention menée par les entreprises. Certains secteurs semblent cependant encore plus exposés que d’autres à ces types d’agissements, comme l’hôtellerie ou le service à la personne. « Je pense qu’il y a beaucoup de viols et d’agressions qui ne sont pas révélés », déplore le directeur, qui se souvient d’une femme de ménage violée dans un hôtel par un employé de maintenance à plusieurs reprises sans oser en parler à son mari. Les proches des victimes peuvent d’ailleurs aussi être accompagnés.

L’entreprise a également son rôle à jouer. Elle peut par exemple se porter partie civile lors d’éventuelles poursuites judiciaires ou prendre en charge des honoraires d’avocat. « À chaque fois que j’ai vu des employeurs se soucier des salariés victimes, cela a été très soutenant. Le sentiment d’être pris en compte, que les faits soient connus, était d’un réconfort immense », assure le responsable.

Le réseau France Victimes

REMAID est l’une des 130 associations d’aide aux victimes d’infractions pénales rassemblées sous la bannière France Victimes. La fédération, créée en 1986, dispose d’un numéro d’écoute national (116 006) mais peut également mettre en place des numéros dédiés. « L’employeur peut avoir une cellule d’écoute externalisée qui peut être le complément d’une cellule interne, de l’intervention collective ou individuelle », explique la porte-parole Olivia Mons.

La plateforme Mémo de vie, un outil pour les victimes

Cette plateforme numérique, gratuite et sécurisée, lancée en 2020, offre aux victimes ou témoins de violences, harcèlements physique, moral ou sexuel, la possibilité de sauvegarder des témoignages, des documents mais aussi de s’informer. « Mémo de vie permet de raconter son vécu comme dans un journal intime avec une date, des faits, une description, d’illustrer avec des captures écrans… », détaille Olivia Mons, porte-parole de France Victimes. La victime peut ainsi « “se déverser” dans un outil qui lui est dédié et potentiellement s’en servir pour des démarches juridiques, sociales, psychologiques », explique-t-elle. Dans le cas de violences sexistes, souvent répétées, ce recensement peut être utile pour ne pas oublier. Un annuaire de contacts et une bibliothèque avec des articles sur le sujet sont également accessibles. L’objectif est d’aider les victimes à sortir plus vite des violences, « de porter à la connaissance des utilisateurs/utilisatrices le fait qu’elles vivent des choses qui ne sont pas normales, qu’elles peuvent en parler », souligne Olivia Mons.

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  • N. T.