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La canicule, un danger pour les entreprises

Le point sur | publié le : 05.09.2022 | Natasha Laporte

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Conditions de travail : La canicule, un danger pour les entreprises

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Selon une étude de l’Institut syndical européen, les épisodes de fortes chaleurs entraînent des risques accrus pour la santé et la sécurité des salariés. De même, elles nuisent à la productivité et creusent les inégalités.

De plus en plus fréquentes et intenses, les vagues de chaleur posent de nouveaux défis aux employeurs. C’est ce que souligne l’Institut syndical européen (European Trade Union Institute – ETUI), dans son rapport « Des canicules comme risques professionnels », publié en 2021. De fait, les canicules exacerbent une grande variété de maladies cardiovasculaires, respiratoires et reproductives. De même, elles sont associées à une hausse des accidents du travail : lorsque la température dépasse 38 °C, le risque d’accidents augmenterait de 10 % à 15 %, et il est particulièrement élevé pour les métiers nécessitant le port d’équipements de protection individuelle, qui empêchent la dissipation de la chaleur, ou en cas de fatigue ou autre facteur de risque professionnel. Enfin, avec l’allongement et l’intensification des périodes de fortes chaleurs, ce danger tend à concerner de plus en plus de professions…

Autre impact inquiétant de la canicule, la performance. Le stress thermique réduit la productivité et la capacité de travail. De fait, lors des épisodes de chaleur, les salariés font état d’étourdissements, de confusion et de manque de concentration, note l’étude de l’ETUI. Les tâches impliquant le suivi de process et la surveillance sont particulièrement affectées, puisque l’effet physiologique du stress thermique, couplé à la déshydratation et l’accumulation de la fatigue provoquées par la chaleur, détériore la performance cognitive : mémoire, traitement de l’information, vitesse de la réponse sont affectés… Par ailleurs, la productivité peut pâtir de la nécessité de ralentir les cadences et d’allonger les périodes de récupération. De quoi faire baisser le nombre d’heures travaillées, le rendement et la qualité des produits et des services. Au-delà de 24 °C, à chaque degré supplémentaire de température, la perte de la productivité s’élève ainsi à une fourchette de 0,8 % à 5 %, selon certaines études citées dans le rapport.

Les précaires, les plus menacés

Si la canicule touche plusieurs secteurs en particulier – bâtiment, construction, terrassement, agriculture entre autres – pour d’autres, dont l’activité se déroule essentiellement en intérieur, il pourrait certes sembler plus facile d’adopter des mesures comme l’air conditionné, une meilleure ventilation ou des équipements de protection plus adaptés. Mais encore faut-il que les impératifs économiques auxquels font face les entreprises le permettent…

En outre, la canicule ne frappe pas tous les salariés de la même manière… Ceux qui ont des objectifs de productivité quotidiens ou sont payés au rendement doivent, en périodes de fortes chaleurs, allonger leur journée de travail – sous peine, autrement, de voir leurs revenus diminuer. Pis, l’absence de représentation syndicale, un management autoritaire et la vulnérabilité sociale sont susceptibles de pousser ces travailleurs à aller au-delà des limites de sécurité. Ainsi, assure l’étude de l’ETUI, la probabilité d’être exposé à un stress thermique au travail reflète des inégalités sociales pré-existantes, tandis que l’exposition à la chaleur les accentue. La chaleur est ainsi un risque professionnel fréquent dans les métiers manuels et peu qualifiés, peu rémunérés et entraînant de la fatigue physique. Dans l’ensemble, ce sont donc les travailleurs précaires qui sont les plus menacés par l’exposition à la chaleur ainsi que par le manque de protection, note le rapport. Autant de phénomènes qui poussent l’ETUI à appeler à une plus grande prise en compte du stress thermique lié au climat comme un risque professionnel, en forte hausse. Et à sommer les entreprises potentiellement concernées de mettre en œuvre ou de renforcer les mesures de prévention, techniques comme organisationnelles.

Auteur

  • Natasha Laporte