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Sur le terrain

Le BCG soigne ses anciens

Sur le terrain | publié le : 31.10.2022 | Caroline Crosdale

Le cabinet de conseil a créé un réseau mondial, composé de 30 000 anciens. Une famille élargie où s’échangent bons tuyaux et offres d’emploi.

Il y a 30 ans, les dirigeants du Boston Consulting Group (BCG) n’appréciaient guère les partants. S’ils s’en allaient, c’est que c’était « des nuls ou des traîtres », se souvient Nicolas Kachaner, directeur associé senior du cabinet de conseil américain. Mais aujourd’hui, l’approche a totalement changé : « Once a BCGer, always a BCGer ». En clair, quand on a fait partie du BCG, on sera toujours membre du BCG. Et ce, « sans limite de durée », insiste Nicolas Kachaner, responsable du réseau des 1 500 « ex » en France. Ce réseau est si puissant qu’il compte 30 000 membres dans le monde, un chiffre supérieur aux 25 000 salariés actuels du groupe ! Et le BCG se met en quatre pour entretenir ses liens avec les membres de la famille élargie.

Pourquoi ce changement de stratégie ? Pour de multiples raisons. La première étant qu’on peut toujours revenir en arrière. Le département des ressources humaines du BCG apprécie ainsi les salariés boomerang. « Ils nous connaissent, nous les connaissons, leur intégration est rapide », explique Nicolas Kachaner. Et face à la « grande démission », on se félicite de la bonne centaine de retours vers la maison mère. En France, une demi-douzaine de talents ont suivi ce chemin. Ils ont repris leur carrière là où ils l’avaient laissée ou sont revenus en tant qu’experts sur un autre poste.

Ambassadeurs de la marque

Le BCG pose un regard bienveillant sur ses « ex », ses clients aussi. « Ils nous demandent : “Vous ne connaîtriez pas quelqu’un ? Un expert en stratégie, un responsable RH ?”, relève Nicolas Kachaner. Ces anciens ont appris nos méthodes de travail, notre organisation, notre sens de l’écoute. Nous sommes l’école de référence. » Le cabinet joue donc les intermédiaires entre ceux qu’on appelle « alumni » et les entreprises clientes. À Paris, une personne à temps plein gère ces offres d’emploi. Garder les anciens dans son carnet d’adresses peut aussi servir la marque BCG. Car s’ils sont restés en bons termes avec la maison, ils lui apporteront de nouvelles affaires, en recommandant à leur nouvel employeur le savoir-faire du cabinet de conseil, lui enverront de jeunes prospects et participeront même aux événements de recrutement. « Les anciens ont des souvenirs positifs et ils parlent de manière plus crédible aux candidats », explique Nicolas Kachaner.

Cette proximité de la famille BCG se voit dans les commentaires positifs sur le site de recrutement Glassdoor. Il en est de même sur LinkedIn, là où actuels salariés et vieilles connaissances se contactent. « La communauté est suffisamment grande pour y trouver de la diversité et en même temps, elle est encore petite, l’esprit maison n’est pas trop dilué », sourit Nicolas Kachaner.

Huiler les rouages

Pour maintenir de tels liens, il faut bien sûr huiler les rouages. Le BCG se rappelle au bon souvenir des anciens grâce à la newsletter mondiale Panorama, publiée deux fois par an et ses informations plus locales, envoyées tous les 15 jours. On y lit l’actualité du groupe, on apprend ce que sont devenus certains anciens au parcours singulier, on consulte les offres d’emploi… « La newsletter parisienne a un taux d’ouverture de 62 %, se flatte Nicolas Kachaner, c’est bien mieux que le 20 % pour les e-mails envoyés aux clients… »

Le BCG a aussi créé un jour spécial alumni, le premier jeudi du mois d’octobre. Les anciens sont conviés localement à une soirée, réunissant 250 à 300 personnes. Il y a en outre des réunions en petits comités pour des experts en consommation, santé, assurances… La rencontre se fait en présentiel ou de manière virtuelle, pour y associer ceux qui vivent en région. « Nous sommes une communauté de professionnels élargie », se félicite Nicolas Kachaner, ravi de voir anciens et actuels BCGers se renvoyer l’ascenseur. C’est ainsi que Xavier Fontanet, ex-président d’Essilor, a associé le cabinet à son émission sur la stratégie d’entreprise pour BFM Business.

Rester bons amis permet de soigner la marque. Cela comporte aussi quelques risques. Quand des anciens recherchent de nouvelles recrues pour leur entreprise, l’envie de braconner chez BCG doit être irrésistible. De même, les actuels salariés du cabinet de conseil pourraient jalouser ceux qu’on traite avec tant de chaleur. Mais le risque en vaut la peine. Car le réseau s’avère riche. Du nouveau directeur général de l’Armée du salut au patron du Cnes (Centre national d’études spatiales) en passant par le musicien John Legend, ou le sénateur de l’Utah, Mitt Romney, ce sont tous, et toujours, des BCGers…

Auteur

  • Caroline Crosdale