À quand, en France, un Premier ministre tel Rishi Sunak au Royaume-Uni, fils d’une famille indienne immigrée, devenu millionnaire à la City et conservateur bon teint ? À quand un ancien métallo président, comme c’est de nouveau le cas au Brésil avec Lula ? Bref, à quand, dans le gouvernement français, des fonctions régaliennes occupées par un « Black », un « Beur », un sans diplôme ? Depuis les années 90 et Pierre Bérégovoy, titulaire du certificat d’études et d’un CAP d’ajusteur, on ne peut pas dire que les exemples abondent… Jacques Chirac avait bien fait de la fracture sociale le cœur de son livre-programme, pour la campagne présidentielle de 1995. Mais que s’est-il passé depuis sinon l’irruption de tensions ?

Si la République ne donne pas assez l’exemple et n’agit pas de façon assez déterminée pour donner une chance à tous ses enfants, quelles que soient leurs origines sociales ou ethniques, que font les entreprises ? Après tout, elles sont, et de plus en plus, non seulement considérées par les citoyens et les salariés comme « responsables », aussi bien en ce qui concerne l’environnement que les aspects sociaux et sociétaux, mais en plus, elles ont le pouvoir, du fait qu’elles servent, à travers l’emploi, de lieux de socialisation, de faire évoluer les mentalités et d’ouvrir les esprits à l’altérité. Elles agissent – un peu – et pas assez… Or sans rôles modèles, comment, pour des jeunes de milieu modeste, se projeter, penser grand, viser haut et faire profiter la société de leur talent ?