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Ménager les managers !

Chroniques | publié le : 21.11.2022 |

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Ménager les managers !

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Par Gilles Gateau directeur général de l’Apec

Les responsabilités sont à géométrie variable, les intitulés de poste sont multiples – « top management », « management intermédiaire », de « terrain », de « proximité », de « première ligne » –, la charge est lourde et on dit souvent cette fonction de moins en moins attirante… Devenir ou rester manager, est-ce encore une envie ?

Il faut l’admettre, la fonction n’est pas de tout repos. Elle implique de subir en permanence des injonctions contradictoires. Certaines sont bien connues : d’un côté, celles qui émanent de la direction – atteindre les objectifs, garantir la production et la qualité –, et de l’autre, celles qui viennent des collaborateurs – témoigner de la reconnaissance, jouer un rôle permanent de facilitateur, apporter rapidement des solutions aux difficultés quotidiennes, opérationnelles et parfois même personnelles… C’est souvent rude !

D’autant plus rude qu’à ces attentes « classiques » viennent s’en ajouter de nouvelles. Les managers sont beaucoup plus attendus, le télétravail ayant bouleversé la donne, en matière de gestion du collectif. Ils doivent davantage démontrer leur capacité à fédérer leurs équipes autour d’objectifs communs, à les motiver, à être pour elles un apporteur de sens – grande injonction de notre époque – sans pour autant négliger la qualité de vie au travail, et bien sûr, garantir la performance. Bref, la charge, sur les épaules des managers, ne cesse de s’alourdir…

Et pourtant : la fonction continue d’attirer et reste une étape de carrière souvent incontournable pour un ou une cadre. Une étude récente de l’Apec (Pratiques managériales 2022) montre que 84 % des cadres managers souhaitent continuer à exercer ce rôle, parfois d’ailleurs en espérant encadrer une équipe plus large, et près de deux cadres sur trois « non-managers » de moins de 35 ans aspirent à le devenir, mettant en avant comme motivation principale, avant les perspectives de meilleure rémunération, le fait de pouvoir mieux transmettre leurs compétences.

Bonne nouvelle, donc, pour les « managers de managers », qui peinent parfois à attirer, pour les entreprises qui ont un besoin vital de managers pour se développer et pour toutes celles et tous ceux qui veulent s’investir dans plus de responsabilités… Mais attention, si l’attraction reste forte, une vigilance s’impose face aux signaux, pas toujours faibles, de désaffection. En outre, des réponses aux attentes de tous ceux qui veulent « manager autrement » et « être managés autrement » sont à inventer.

C’est d’autant plus crucial pour les entreprises dans le contexte actuel de tensions sur le marché de l’emploi des cadres. Tensions qui, malgré les incertitudes qui s’amoncellent à l’horizon, ne fléchissent pas : 84 % des entreprises anticipent au 4e trimestre 2022 des difficultés à recruter. Encore une tâche pour nos managers : fidéliser des équipes pour éviter que les salariés ne soient trop tentés par d’autres opportunités.

En première ligne, les managers doivent avancer sous un feu nourri. Ce qui implique de leur donner les moyens d’agir face aux demandes des salariés dont ils sont les premiers saisis. De nombreux managers aimeraient utiliser différemment leur temps, se consacrer davantage à l’animation et à la cohésion de leur équipe et au développement des compétences des femmes et des hommes autour d’eux. Nombreux sont ceux qui expriment aussi le besoin d’être mieux outillés pour mener à bien l’évolution de leurs pratiques et la conduite du changement au sein de leur équipe. On attend par exemple des formations sur les méthodes collaboratives et d’intelligence collective : près d’un manager sur deux indique en avoir besoin et ne pas encore avoir pu en suivre une. Cette donnée, à elle seule, montre l’ampleur de la tâche.

Alors pour les entreprises qui demandent toujours plus, il est temps… de ménager leurs managers !