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« Les DRH devront détecter des méta-compétences »

À retenir | publié le : 16.01.2023 | Lys Zohin

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« Les DRH devront détecter des méta-compétences »

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Le directeur d’UniLaSalle Rennes-École des métiers de l’environnement estime qu’au-delà des compétences techniques, les nouveaux acteurs du développement durable devront avoir une vision systémique, accompagnée de soft skills, pour réussir dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Les entreprises ont-elles désormais conscience qu’elles doivent se doter de compétences « vertes » ?

Grâce aux rapports du Giec, qui montrent que, sur les neuf limites planétaires identifiées (changement climatique, acidification des océans, érosion de la biodiversité…), l’humanité en avait déjà, en mai 2022, franchi six, et aux réglementations adoptées par l’Union européenne en matière de lutte contre le dérèglement climatique, je crois qu’en effet, les entreprises sont de plus en plus conscientes du fait qu’elles ont un rôle et des responsabilités à assumer dans ce domaine. Il s’agit notamment de mesurer l’impact de leurs activités sur la planète et de mettre en œuvre une politique de sobriété et de préservation. Et pour cela, elles doivent se doter des compétences techniques adéquates. Mais pas seulement…

À quelles autres compétences faites-vous allusion ?

À ce que j’appelle des méta-compétences. En d’autres termes, à la manière dont managers et salariés devront se comporter pour atteindre, collectivement, les objectifs fixés en matière de préservation de la planète. Ce qui implique, et ce, pour l’ensemble des métiers, une transformation profonde, puisque cette lutte doit infuser partout. Or à l’heure actuelle, les entreprises ont tendance à se saisir des enjeux uniquement à partir des aspects techniques. Et si certaines de ces compétences techniques existent déjà, dans la mesure d’impact, la sobriété énergétique, l’éco-conception de produits ou l’économie circulaire – d’autant que nous enseignons cela depuis plus de trente ans dans le cadre de l’École des métiers de l’environnement d’UniLaSalle Rennes – il s’agit d’avoir une vision systémique, car c’est le système actuel dans son ensemble qu’il faut revoir, et qui impose, notamment, de changer la manière dont les décisions sont prises en entreprise. Charge donc aux DRH de détecter ces aptitudes, ces méta-compétences, au sein des organisations.

Les formations actuelles vous semblent-elles adéquates ?

La Conférence des grandes écoles et la Conférence des présidents d’université sont engagées dans le déploiement de « Plans Verts » pour l’enseignement supérieur depuis plusieurs années déjà. Il s’agit de donner aux étudiants, qu’ils deviennent ingénieurs dans l’industrie ou l’agriculture, spécialistes du marketing, concepteurs de produits ou autre, les clés pour adopter cette approche systémique. Autre aptitude à développer, celle de la prospective, pour imaginer un futur désirable, accompagnée d’un rétroplanning pour y arriver, et la faculté de travailler en collectif. Sans oublier le sens des responsabilités et la capacité à orchestrer le changement. Autant dire qu’il s’agit bien de soft skills plus que de compétences techniques. Pour l’heure, cependant, même si les grandes écoles et les autres institutions d’enseignement supérieur visent à développer ces aptitudes, le système français, fondé sur l’excellence individuelle, a du mal à cultiver ces nouvelles compétences. Pourtant, il ne s’agit pas de se contenter de « verdir » les formations des talents de demain comme des salariés déjà en poste. Ce serait vraiment une fausse bonne idée ! À cet égard, le rapport du groupe de travail conduit par Jean Jouzel, « Sensibiliser et former aux enjeux de la transition écologique et du développement durable dans l’enseignement supérieur », rendu au gouvernement à la mi-février 2022, préconise plusieurs actions essentielles pour faire évoluer toutes les formations dispensées dans l’enseignement supérieur, avec quatre problématiques à aborder prioritairement : les impacts sur l’environnement à l’échelle planétaire et à l’échelle locale, les enjeux de société et de gouvernance et le passage à l’action. En outre, depuis 2015, le Label DD&RS – Développement durable et responsabilité sociétale – de l’enseignement supérieur, fruit du travail collectif d’une dizaine d’universités et de grandes écoles, de ministères et du Réseau des étudiants pour une société écologique et solidaire, permet de valoriser, au point de vue national et international, les démarches de développement durable et de responsabilité sociétale des établissements d’enseignement supérieur et de recherche français. Un label systémique qui offre la garantie d’une formation de qualité.

Auteur

  • Lys Zohin