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Prévention : De futurs ingénieurs formés à la santé au travail

À retenir | publié le : 16.01.2023 | Gilmar Sequeira Martins

La moitié des 200 écoles françaises d’ingénieurs proposent déjà des enseignements en santé et sécurité au travail. Une nouvelle convention, liant l’INRS, la Commission des titres d’ingénieur et la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs, vise à étendre ce mouvement.

Le 16 novembre dernier, l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles), la Commission des titres d’ingénieur (CTI) et la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) ont renouvelé pour trois ans (2022-2024) la convention destinée à développer les enseignements en santé et sécurité au travail (SST) dans les écoles d’ingénieurs. Directeur de Polytech Nantes et président de la commission « Formation et société » de la CDEFI, Philippe Dépincé a salué cette nouvelle étape en insistant sur l’importance de cette démarche.

« Il faut augmenter les compétences en santé et sécurité au travail pour les futurs ingénieurs ainsi que la culture sur les accidents du travail. Ce domaine est d’autant plus important qu’il englobe les risques psychosociaux. Nous formons aussi des jeunes qui seront amenés à prendre des responsabilités de managers », déclare-t-il.

Cette convention met l’accent sur trois axes de collaboration entre partenaires signataires : assurer une meilleure intégration des enseignements sur la santé et sécurité au travail, augmenter la mise à disposition des ressources pédagogiques produites par l’INRS et identifier les sujets clefs que les futurs ingénieurs auront à connaître dans le cadre de la santé et sécurité au travail. Concrètement, ce partenariat permet à l’INRS de former des auditeurs et des experts de la CTI afin qu’ils puissent évaluer les formations en SST que proposent les écoles d’ingénieurs lors des processus d’accréditation auxquels elles doivent régulièrement se soumettre. « L’apport de la CDEFI est important car c’est elle qui guide les écoles dans leurs projets et leurs développements, explique Loïc Bodin, chargé de projet pour les écoles d’ingénieurs dans le département formation de l’INRS. Elle nous aide à pousser les sujets SST dans l’évolution des cursus. Elle anime des commissions qui ont pour but de répondre concrètement aux priorités de travail identifiées par la CTI. La CDEFI porte la réflexion sur l’intégration des notions de prévention dans les cursus et elle aide l’INRS à mieux communiquer auprès des écoles. »

Premier bilan

Initié en 2016, ce partenariat a donné lieu à un premier bilan, en 2021. Sur les 200 écoles délivrant le titre d’ingénieur, 103 ont fourni des données. Il apparaît ainsi que 86 ont déjà mis en place des enseignements sur la santé et sécurité au travail et une large majorité (72, soit plus de huit sur dix) les a rendus obligatoires. Parmi les plus avancées figurent des écoles de spécialité (chimie, QHSE, HSE ou de gestion des risques), qui ont depuis longtemps des modules de formation à la SST. Le deuxième cas de figure réunit les écoles qui souhaitent renforcer les formations en SST. « Elles peuvent vouloir proposer ces formations dès la 1re et la 2e année, plutôt que de ne l’avoir qu’en 3e, explique Loïc Bodin. Nous pouvons les accompagner à créer un module de TD pour les étudiants de première année. » La troisième catégorie regroupe les écoles qui ne proposent encore aucune formation en SST à leurs étudiants.

La durée des cours consacrés à cette spécialité peut paraître réduite : dans les écoles où le cursus se déroule sur trois ans, elle reste inférieure à cinq heures par an, mais elle dépasse cette moyenne dans celles où le cursus s’étend sur cinq ans. Ces moyennes dissimulent cependant une grande disparité de la durée des enseignements, souligne Loïc Bodin. « Les écoles les plus avancées proposent en moyenne une vingtaine d’heures de formation en SST. Les futurs ingénieurs auront déjà des notions et des réflexes en arrivant en entreprise », dit-il.

Quel impact peut avoir cet enseignement ? « Il va d’abord permettre aux futurs ingénieurs de mieux préserver leur santé physique et mentale dans leur environnement professionnel et par rapport à leurs collègues, répond Loïc Bodin. Cela va également les aider à préserver la santé de leurs équipes et mieux prendre en compte la santé des utilisateurs finaux des produits ou des services qu’ils conçoivent. » Dans cette optique, l’INRS prépare un module de formation afin d’aider les ingénieurs à intégrer un volet SST dans les cahiers des charges de conception des machines et des robots qui vont travailler avec des humains à proximité. Encore embryonnaire, le sujet pourrait vite prendre de l’ampleur, compte tenu des pénuries de main-d’œuvre et des progrès rapides enregistrés dans la robotique.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins