Au sein du réseau national des services interentreprises de santé au travail du BTP, celui du département de Seine-et-Marne est particulièrement actif. L’ergonome Lilian Devidet et l’infirmier Jean-Philippe Evenou sensibilisent les salariés aux risques liés au travail sur écran à travers une présentation et des exercices d’échauffements et d’étirements. C’est le choix qu’a opéré l’entreprise Drouet (80 salariés). Le 25 février 2022, les employés ont pu bénéficier d’une matinée de sensibilisation dans leurs locaux. La première mission des acteurs de santé a été de faire connaître les pathologies associées au travail sur écran. Cette partie, théorique, reposait notamment sur la description des TMS et des caractéristiques de la fatigue visuelle. Une fois des conseils sur le bon aménagement et sur la bonne posture de travail donnés, ils ont invité les participants à effectuer des échauffements et étirements.

Les salariés de la collectivité Région Normandie sont également incités à bouger. Pendant dix minutes, juste avant de commencer leur journée, ceux qui le souhaitent pratiquent un éveil musculaire. Il est encore trop tôt pour dire si la pratique sera étendue, même si les premiers retours sont positifs, d’après Christine Echelard, directrice générale adjointe Ressources et performance vie et évolution. Grâce à elle, la collectivité a impulsé depuis 2018 une politique RH en matière de prévention QVT sur la base de la norme québécoise « Entreprise en santé ». Pour lutter contre la sédentarité qu’induit le travail sur écran, les salariés qui occupent des missions administratives ont la possibilité de travailler en pédalant. Des vélos fixés au sol sont équipés d’un support permettant d’accueillir une tablette. Ceux qui le souhaitent peuvent enfourcher un vélo-bureau. « Ce n’est pas de la créativité pour la créativité, souligne Christine Echelard. Nous avons mis en place une véritable méthode itérative et participative. Nous expérimentons. Si le résultat est positif, nous développerons ces actions. » En 2022, la collectivité a été distinguée par un Prix des leaders bienveillants, récompense remise par les organisateurs du salon Preventica pour sa politique de prévention.

« Afin d’élaborer et animer les actions de prévention sur les addictions (dont celle aux écrans), déclare Olivier Terral, directeur Prévention santé sécurité chez Enedis, le groupe, qui comprend 38 000 salariés répartis sur plus de 800 sites, a souhaité s’engager dans le dispositif ESPER (Les entreprises et les services publics s’engagent résolument). » Ce dernier se structure autour d’une charte d’engagement et prévoit l’animation du réseau des signataires en mettant à disposition une boîte à outils. Elle contient des fiches pratiques (par exemple, « les sept étapes clés pour réussir votre politique de prévention des conduites addictives ») et autres ressources juridiques et scientifiques afin de les aider à concevoir et mettre en œuvre des actions. Aujourd’hui, 400 000 salariés et agents sont concernés par la charte ESPER.

Chez Naturex, groupe industriel de près de 400 salariés, les trois quarts des effectifs occupent des fonctions tertiaires. Si les risques professionnels sont différents en fonction du métier exercé, tous les salariés bénéficient de sensibilisations régulières en matière de santé, sécurité et environnement. Chaque année, Bertrand Grespinet, responsable Hygiène sécurité environnement, organise une journée sécurité, le safety day. « Collaborer avec les acteurs de la santé au travail est primordial. Nos spécialistes interviennent donc tous les ans lors de cette journée, notamment pour des sensibilisations au travail sur écran », indique-t-il. L’année dernière, dans le sillage de cette journée, des postes de travail ont ainsi pu être réaménagés. Des outils ergonomiques ont été mis à disposition et des communications régulières sur le sujet sont réalisées pour permettre aux salariés d’adopter les bons réflexes. Pour Bertrand Grespinet, « ces sensibilisations sont très bénéfiques, puisqu’elles permettent une meilleure vigilance et prévention des risques à l’origine de maladies professionnelles. »