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Gestion des compétences : Les métiers changent, la reconversion s’impose

Tendances | publié le : 16.01.2023 | Lys Zohin

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Gestion des compétences : Les métiers changent, la reconversion s’impose

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Sous l’effet de diverses évolutions – technologiques, environnementales… –, les emplois de demain ne seront pas ceux d’aujourd’hui. Charge aux DRH d’anticiper et aux salariés de se former pour occuper ces nouveaux postes. Les dispositifs mis en place par l’État commencent (enfin) à être utilisés… Exemple en Île-de-France, plus grand bassin d’emploi de l’Hexagone.

2023 sera « l’année européenne des compétences ». Ainsi en a décidé la Commission européenne. Il était temps. Entre l’automatisation, la transformation digitale, la transition écologique et les évolutions sociétales, nombre d’études montrent que les emplois sont, les uns, appelés à disparaître, les autres à évoluer et d’aucuns à émerger dans les années qui viennent. Pas question dans ces conditions d’hypothéquer la croissance économique, même dans sa nouvelle formule, plus durable, avec une inadéquation entre besoins des entreprises et compétences disponibles sur le marché, ni de pérenniser la pénurie de main-d’œuvre et un taux de chômage encore trop élevé. Nombre de pays européens ont déjà tenté de mettre sur pied des plans de formation et de reconversion des salariés. Ceux de la construction automobile, qui seront fatalement moins nombreux sur les lignes de montage, puisque les véhicules électriques ont besoin de moins de main-d’œuvre que les voitures à moteur thermique. Ceux du bâtiment, qui devront apprendre, et vite, à construire et rénover le bâti pour le rendre plus écologique et moins gourmand en énergie. Ceux de l’agriculture, qui devront acquérir de nouvelles connaissances pour une production plus durable et moins polluante. La liste des métiers affectés est longue. Pourtant, malgré les alertes, les derniers chiffres d’Eurostat indiquent que seulement 37 % des adultes européens suivent une formation sur une base régulière.

La France, à son habitude, s’est dotée d’un mille-feuille administratif, ponctué de diverses réformes, aussi bien pour l’apprentissage, la formation professionnelle continue que la reconversion. Sur ce dernier volet, le dispositif Transitions collectives (Transco), déployé depuis la mi-janvier 2021 pour faciliter la reconversion de salariés dont les emplois sont menacés vers des métiers porteurs, a eu du mal à séduire, trop complexe et mal promu, sans doute. Au point qu’à l’été 2021, seules 64 entreprises avaient ouvert un espace sur le site de Transitions Pro Île-de-France… « La situation s’améliore aujourd’hui, assure Stéphane Maas, directeur de Transitions Pro Île-de-France. Deux fois plus d’entreprises – de tailles et de secteurs d’origine plus variés, tels que l’aéronautique, la communication, le commerce ou l’automobile – ont intégré le dispositif en 2022. Et s’il n’est qu’un outil parmi d’autres, il a le mérite d’exister. En outre, il a été, après un premier retour d’expérience, simplifié pour en faciliter l’accès aux entreprises de moins de 300 salariés. » En Île-de-France, le plus grand bassin d’emploi de l’Hexagone, ce spécialiste note ainsi l’intérêt exprimé par une dizaine de TPE et PME, notamment sous-traitantes de l’industrie automobile. De plus, depuis 2022, Transco est, dans le cadre d’un accord de gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) ou de rupture conventionnelle collective, accessible aux salariés en congé de mobilité (en CDI, volontaires au départ et dont l’emploi est défini comme fragilisé). Ils bénéficient ainsi d’une meilleure allocation (égale à 79,15 % de la rémunération brute, sans cotisations sociales, contre 65 % du salaire brut pour un congé de mobilité seul).

Accompagner les TPE et PME

Si, pour l’heure, parmi les quelques sociétés qui ont choisi de faire appel à Transco, on trouve plutôt de grands noms – la chaîne de magasins Monoprix, l’opérateur de services aux entreprises et à l’environnement Derichebourg et le spécialiste des maisons de retraite Korian –, « nous tenons à accompagner les TPE et PME, concernées par les évolutions mais qui n’ont pas, du fait de la nécessité pour elles de répondre d’abord aux contraintes immédiates, celles de gérer l’organisation dans un contexte économique tendu, le temps ni les moyens d’anticiper les postes de demain », poursuit Stéphane Maas.

« Notre recours au dispositif s’inscrit dans une stratégie plus large de compétences, de projets de carrière, d’employabilité et d’amélioration du pouvoir d’achat, indique de son côté Aurélie Dubourg, responsable du département développement RH de Derichebourg. D’ailleurs, des discussions avec Korian avaient eu lieu avant le lancement de Transco. » La demande pour des services proposés par Derichebourg, dont le nettoyage et l’entretien dans les entreprises et les espaces publics, ne va pas forcément se tarir. Mais alors que Korian pâtissait d’un manque de personnel dans ses établissements, Derichebourg a proposé, sur la base du volontariat et en partenariat avec leur manager de proximité, à des agents d’entretien, essentiellement des femmes, d’accéder, via une formation, à un emploi qualifié d’aide-soignante dans les structures Korian. Certes, si, parmi les agents de Derichebourg basés en Île-de-France, 60 seulement ont manifesté leur intérêt et qu’une vingtaine, in fine, ont fait partie de la cohorte, « les bénéficiaires, à basse qualification, souvent à temps partiel, sont très satisfaites de la formation, de la qualification et du CDI à temps plein », assure Aurelie Dubourg. Au point que l’entreprise va lancer prochainement une nouvelle cohorte, d’une vingtaine de personnes également – agents d’entretien et hôtesses d’accueil –, en vue de les reconvertir dans les métiers de la petite enfance, où les besoins sont là aussi criants.

Amplifier l’opération

Alors que le dispositif Transco commence enfin à être utilisé, reste donc à massifier ces opérations de reconversion. D’autant que selon France Stratégie, en 2030, les quatre secteurs les plus porteurs seront ceux qui emploieront des ingénieurs informatiques, des infirmiers-sages-femmes, des aides-soignants et des cadres commerciaux (avec la création de 110 000 à 115 000 postes chacun). Viendront ensuite les aides à domicile (+ 100 000) et les ouvriers qualifiés de la manutention (+ 80 000), qui devanceront les cadres des services administratifs et financiers et les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie (respectivement + 75 000). De même, les cadres du bâtiment (+ 60 000) devraient figurer parmi les métiers les plus dynamiques. De quoi inciter les salariés dont les postes sont fragilisés actuellement à entamer une deuxième vie professionnelle…

Auteur

  • Lys Zohin