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Syndicalisme ou populisme : les DRH doivent choisir

Chroniques | publié le : 25.02.2023 |

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Syndicalisme ou populisme : les DRH doivent choisir

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Martin Richer Management & RSE

Dans une enquête sur la démocratie, menée par Harris Interactive et publiée par l’hebdomadaire Challenges du 9 décembre 2021, les 10 000 Français interrogés plaçaient les organisations syndicales comme l’acteur social le plus à même de préserver la démocratie. Un an plus tard, les syndicats faisaient la preuve de leur maturité et de leur capacité à organiser un mouvement social puissant, opposé à la réforme des retraites, qui contraste avec le désordre et les invectives qui ont émaillé le débat parlementaire. Cela montre l’importance pour les DRH de pouvoir négocier avec des représentants du personnel forts et légitimes. L’épisode de la grève SNCF de fin 2022 offre un beau sujet de méditation pour les professionnels des RH soucieux de performance sociale.

Des contrôleurs « incontrôlables »

Entre le 23 et le 26 décembre 2022, plus de 200 000 voyageurs ont été affectés par les annulations – jusqu’à 40 % de trains en moins pendant le week-end de Noël. Cela faisait plusieurs semaines que le conflit social couvait et la direction de la SNCF peinait à nouer le dialogue avec le collectif informel de contrôleurs à son origine, organisé sur WhatsApp par des chefs de bord de Marseille. « Au départ, c’était pour échanger entre collègues. Puis, le groupe de discussion s’est développé de manière exponentielle et est devenu un point de ralliement de tous les mécontentements et colères, » a expliqué l’un d’entre eux à Ouest-France. Le mouvement a grossi, est arrivé sur Facebook et a pris le nom de CNA, pour Collectif national ASCT (agents du service commercial trains, nom officiel des contrôleurs). Il comptait alors 3 500 membres, sur les quelque 10 000 contrôleurs en France. Cela lui confère une forte représentativité, mais elle est loin de refléter l’ensemble du corps social de la SNCF (260 000 salariés).

« On veut juste une reconnaissance significative », expliquait à l’AFP l’un de ses fondateurs, qui rejette toute « accointance avec les syndicats », même s’il a dû s’appuyer sur eux pour déposer des préavis, afin de donner sa légalité à la grève. Début décembre, la direction de la SNCF a proposé des concessions significatives mais le CNA a été incapable de dégager une position claire.

L’impossible construction d’un dialogue

« On a tout donné pour éviter la grève », avait souligné Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF le 22 décembre, insistant sur les négociations annuelles qui ont entériné une revalorisation salariale de près de 6 % en 2023. Le 22 décembre, au Journal télévisé de France 2, la rédactrice en chef de La Vie du Rail expliquait que les revendications du Collectif étaient très catégorielles, spécifiques et même individuelles, ce qui en rend le traitement par la direction très difficile. « Je ne comprends pas cette grève », a avoué Jean-Pierre Farandou. Tirant les conclusions de l’accord qui a permis in extremis de sauver le week-end du Nouvel An, la SNCF a déclaré « se féliciter que ce soit par le dialogue social avec les cheminots élus par les salariés qu’une issue au conflit ait pu être trouvée ». C’est une façon de réhabiliter le dialogue social institutionnel, mais cela n’empêchera pas la multiplication de ce genre de collectifs qui ont pu observer ce que celui des contrôleurs a réussi à arracher. De leur côté, les syndicats ont montré qu’ils sont indispensables à la fois pour entrer dans la grève, par le dépôt de préavis, et pour en sortir, par la négociation sociale.

Quelle responsabilité ?

Sur BFM-TV, le 22 décembre, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, posait la bonne question : de quoi ce collectif est-il responsable ? Alors que ses animateurs ne donnent même pas leur nom de famille sur leur page Facebook, censée synthétiser leur cause, ce collectif ne représente même pas… eux-mêmes ! Quelle serait la validité d’une négociation avec un tel collectif ?

Pour aller plus loin :

« Le dialogue social à la française, chef d’œuvre en péril » https://managementrse.com/dialogue-social-a-francaise-chef-doeuvre-peril/