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Idées

Est-ce bien raisonnable ?

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.07.2023 | Jean-Claude Mailly

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Est-ce bien raisonnable ?

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Fitch et Standard & Poor’s ont rendu leur verdict sur la situation de la France, la première dégradant la note d’un cran, la seconde la maintenant. Deux avis qui n’ont guère perturbé les marchés tant il est vrai que la bévue des agences de notation lors de la crise de 2008 a pesé sur leur crédibilité.

Il n’en reste pas moins que l’augmentation importante de la dette publique qui atteint aujourd’hui les 3 000 milliards d’euros agit comme une épée de Damoclès, notamment en période d’inflation. La charge des intérêts à payer devrait atteindre 70 milliards d’euros en 2027, soit un des postes budgétaires les plus importants.

Qu’il faille envisager la réduction de cette dette est une obligation européenne scrutée attentivement par nos voisins allemands mais aussi une nécessité économique et sociale. Et c’est là que les choses se compliquent en fonction des leviers utilisés.

Au-delà d’une révision significative et souhaitable des critères, non advenue, le gouvernement s’engage visiblement dans une voie risquée quant à l’acceptabilité sociale et l’efficacité économique. Certes, on peut tous souhaiter une croissance économique dynamique source de recettes et de productivité, mais ce ne sera a priori pas le cas cette année, l’Europe étant entrée en récession, notamment du fait de l’Allemagne, et la Banque de France nous pronostiquant + 0,6 %.

Ainsi, les réformes citées comme positives par le ministre de l’Économie et des Finances sont l’assurance chômage et les retraites, toutes deux contestées largement. Et de mettre en place, outre une révision des dépenses publiques, une réduction de 5 % des budgets ministériels auxquels 1 % supplémentaire est annoncé.

Dans le même temps, les besoins financiers sont très importants, qu’il s’agisse de la transition écologique, des dépenses militaires ou des services publics.

Dans ce cadre, la décision de ne pas augmenter les impôts, même sélectivement comme le propose par exemple l’économiste Jean Pisani-Ferry, et de ne pas faire un emprunt exceptionnel auprès de la population limite les marges de manœuvre. Le gouvernement a beau démentir, le risque d’une cure d’austérité qu’on dénommera peut-être sobriété, est réel.

D’ores et déjà et notamment depuis 2018, l’exécutif, en perte de pouvoir monétaire et en partie budgétaire, jette de plus en plus son dévolu sur la sphère sociale. Tous les secteurs sont concernés : retraites, assurance maladie, assurance chômage, logement notamment, avec comme objectif la réduction des dépenses, souvent au détriment des citoyens ou assurés concernés.

Mais sur des points pourtant essentiels, le vide est sidéral. Ainsi on ne réalise toujours pas une vraie évaluation de notre fonctionnement et de mesure d’impact de décisions prises.

Qu’en est-il par exemple de l’efficacité des 200 milliards d’euros d’aides diverses aux entreprises ? Sont-elles toutes efficaces ? Quels sont les effets d’aubaine ? Quelles sont les contreparties ?

Autrefois centralisé, le système français est aujourd’hui hybride avec une multiplication des intervenants et de normes nouvelles entraînant un surcroît de bureaucratie et un surcoût financier évalué par l’OCDE à 60 milliards d’euros par an.

Certes, le court-termisme s’est emparé de la gouvernance publique, et l’exécutif a de plus en plus tendance à se comporter comme un sujet supposé tout savoir.

Au lieu de s’éparpiller dans tous les sens, le Conseil national de la refondation aurait pu se consacrer à ces questions de fond qui touchent finalement au progrès et au fonctionnement de la démocratie.

Auteur

  • Jean-Claude Mailly