Un procès-verbal pour «harcèlement moral institutionnel» ? C'est le sens de l'avertissement adressé par courrier à Renault par l'inspection du travail, qui enquête sur les suicides des salariés du Technocentre.
Alors que les principales conclusions du rapport final d'expertise sur les conditions de travail au Technocentre Renault de Guyancourt (78), où trois salariés se sont suicidés entre octobre 2006 et février 2007, étaient présentées à la presse le 24 janvier, c'est une autre affaire qui a secoué la direction du constructeur automobile.
La veille, l'inspection du travail a averti Renault qu'elle envisageait de dresser un procès-verbal pour « harcèlement moral institutionnel » envers l'ensemble des salariés du Technocentre et obstacle à l'accomplissement de sa mission. « L'inspection du travail réclame, notamment, de la direction qu'elle lui fournisse un état des lieux objectif sur le temps de travail effectif de chaque salarié », précise Michel Fontaine, secrétaire de la CGT Renault. De son côté, la DRH du Technocentre s'interroge sur le sens de ce courrier et promet d'éclaircir rapidement la situation avec l'inspectrice du travail.
Dans un rapport datant de juillet dernier, présenté aux syndicats, celle-ci avait déjà formellement établi un lien entre les trois suicides, le texte évoquant « des responsabilités collectives et non individuelles ». Le rapport avait ensuite été transmis au parquet de Versailles. Celui-ci a ouvert une enquête préliminaire, les auditions de cadres dirigeants étant, selon l'AFP, toujours en cours.
Selon le rapport final du cabinet d'expertise Technologia, mandaté par le CHSCT, 31,20 % des salariés s'estiment « sous tension », alors que ce taux est de 10,30 % en France pour la catégorie des cadres et des ingénieurs. Le rapport met notamment en avant une culture du surengagement ainsi qu'une inadéquation entre l'organisation du travail et les impératifs de production découlant du Contrat 2009.
Selon les membres du CHSCT, le cabinet préconise des pistes d'amélioration portant sur la régulation de la charge de travail, la gestion des parcours et des mobilités, la reconnaissance et l'environnement de travail. Depuis mars 2007, Renault déploie son plan de soutien aux équipes des établissements d'ingénierie.
