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Idées

Crise et austérité

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.11.2011 | Rose-Marie Van Lerberghe

ON CRIE AVANT D’AVOIR MAL ?

Les Français ont aujourd’hui le sentiment, les sondages le montrent, d’être durement atteints par la crise. Une journée d’action a d’ailleurs été organisée par les syndicats le 11 octobre dernier pour « protester contre l’austérité ». Or la situation est sans commune mesure avec celle de la Grande-Bretagne, de l’Espagne, de l’Italie, où des décisions drastiques, touchant le salaire des fonctionnaires, les retraites, les avantages sociaux, ont été prises, sans parler, bien sûr, de la Grèce.

Pendant toute la crise, il n’y a jamais eu de baisse du revenu disponible des ménages, en particulier grâce aux amortisseurs sociaux. Mais il ne s’agit que d’une moyenne car, dans le même temps, les inégalités se sont creusées et c’est cela qui nourrit le sentiment bien réel de la plupart d’être touchés par la crise. Les industriels qui fabriquent les boissons sucrées paraissent, à l’évidence, moins persuasifs que les exploitants des parcs à thème.

UN PLAN D’ÉCONOMIES SANS COHÉRENCE

Pour l’instant, les mesures prises en France pour faire face à cette crise ont consisté davantage à « bricoler » sur les recettes qu’à couper dans les dépenses. Le caractère décousu du dernier plan présenté par le gouvernement Fillon a immédiatement suscité des protestations véhémentes des intéressés. Les évolutions qui en ont résulté doivent plus à l’efficacité comparée des différents lobbyings qu’à la cohérence de l’ensemble.

LA NÉCESSITÉ D’UN PLAN D’ENSEMBLE

Tout cela montre bien la difficulté qu’aura le prochain gouvernement issu des élections présidentielle et législatives à répondre aux défis d’aujourd’hui. Il devra simultanément jouer sur les recettes et les dépenses. Dans les deux cas, il devra le faire en donnant le sentiment de l’équité. Seule une remise à plat globale de la fiscalité, mais aussi de la protection sociale, permettra de trouver les solutions durables aux déficits publics.

UNE NÉCESSAIRE REMISE À PLAT DE LA PROTECTION SOCIALE

Notre système de protection sociale, en matière de santé par exemple, s’est construit au fil du temps par additions successives aboutissant à un cloisonnement inefficace et coûteux. Jusqu’à présent, la résistance, notamment venant de la part des professionnels de santé, n’a jamais permis de se poser des questions de fond. Par exemple, est-ce qu’un système solidaire de prise en charge de la santé est compatible avec l’ensemble des libertés auxquelles les Français paraissent très attachés : liberté de choix de son médecin, liberté de prescription de celui-ci et liberté d’installation ? Quel ordre de priorité les Français donnent-ils à ces libertés ?

Notre système actuel est injuste car l’accès aux soins est devenu très inégal, notamment en raison de l’existence de véritables déserts médicaux. L’espoir que l’on peut avoir est que la crise financière nous oblige à faire des choix plutôt que de « rogner » partout où la réaction n’est pas trop vive.

Auteur

  • Rose-Marie Van Lerberghe