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Enquête

Nos voisins tentent de sauver leurs cols bleus

Enquête | publié le : 01.03.2007 | Léa Delpont

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Nos voisins tentent de sauver leurs cols bleus

Crédit photo Léa Delpont

L'Espagne et le Royaume-Uni voient l'emploi industriel disparaître et se concentrent sur la reconversion de leurs ouvriers.L'Allemagne, elle, choisit de réindustrialiser.

Royaume-Uni

Priorité à l'innovation

Un million d'emplois industriels perdus depuis 1997 : le Royaume-Uni a payé un lourd tribut aux délocalisations. Sa base ouvrière devrait passer, ce trimestre, sous la barre des 3 millions. Le chiffre, lâché par la confédération patronale CBI, a eu l'effet d'un électrochoc. Même l'actrice Emma Thomson et le chanteur Tom Jones ont protesté contre la fermeture d'un site Burberry, emblématique du made in England. Et le Parlement a ouvert une enquête sur l'avenir du secteur. Que fait le gouvernement ? « Il n'y a pas de politique industrielle ici comme on l'entend en France ou en Allemagne », explique Mark Swift, porte-parole de l'association des patrons du secteur secondaire. Son action consiste à entretenir la stabilité macroéconomique et la flexibilité de l'emploi, gage de compétitivité et d'attractivité pour les investissements étrangers. Pour David Bailey, économiste à l'université de Birmingham, « la Grande-Bretagne est désavantagée par la forte présence de groupes étrangers qui n'ont aucun scrupule à se retirer, d'autant moins que la législation permet de licencier vite et à moindres frais. Fermer l'usine Peugeot de Ryton a coûté trois fois moins cher que de licencier en France ». Les dossiers industriels ont été délégués aux agences régionales de développement, financées par l'État. Celle de l'Est s'est illustrée lors de la fermeture du site Vauxhall à Luton, en organisant la reconversion de 2 000 personnes. Celle des West Midlands a bénéficié d'un fonds d'urgence lors de la faillite de Rover en 2005, pour aider les 6 000 ouvriers de Longbridge à se recycler. Mais les priorités restent la formation et l'innovation. Les travaillistes viennent ainsi de lancer une manufacturing skills academy, en partenariat avec Ford, Rolls-Royce, Corus et BAE Systems, pour dispenser une formation adaptée aux besoins des industriels. Le budget de la recherche scientifique a presque triplé en dix ans. Mais le TUC appelle les pouvoirs publics à faire plus et à développer des politiques sectorielles, comme dans l'aéronautique. Les autres branches sur lesquelles mise le pays ? L'appareillage médical, l'industrie pharmaceutique, la plaisance et… l'automobile où, malgré la perte de 10 000 emplois en dix-huit mois, les usines Nissan et Toyota sont parmi les plus rentables d'Europe.

3 millions

Au Royaume-Uni, les emplois industriels passeront sous cette barre symbolique dans les prochains jours.

Auteur

  • Léa Delpont