logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

La pénurie de main-d'œuvre s'inscrit dans la durée

Marché de l'emploi | publié le : 12.12.2022 | Gilmar Sequeira Martins

Les difficultés de recrutement vont-elles durer ? Très vraisemblablement. Dans leur dernier rapport sur l’évolution du travail (2023 Hiring & Workplace Trends Report), Indeed et Glassdoor tablent sur une pénurie de talents de longue durée. La cause de ce phénomène tient avant tout à des perspectives démographiques. Reprenant les chiffres de la Banque mondiale, le rapport indique ainsi que la population active âgée de 15 à 64 ans va se contracter dans les plus grands pays occidentaux entre 2026 et 2036. Si les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni subissent une baisse contenue, atteignant au maximum 3,3 %, tel n’est pas le cas de la France, dont la population active devrait se réduire de 3,8 %, ou de l’Allemagne confrontée à une très forte baisse (7,2 %).

Ce phénomène massif et difficile à endiguer, sauf à accepter une forte immigration, a de grandes chances de modifier la dynamique du marché de l’emploi. La première concerne les entreprises. Selon les auteurs du rapport, la pénurie de talents et les difficultés à recruter constatées aujourd’hui vont perdurer dans les années à venir. Cette situation va avoir des répercussions sur les relations entre recruteurs et chercheurs d’emploi. Selon les auteurs de l’étude, ce sont ces derniers qui voient leurs possibilités de choix augmenter. Le rapport évoque l’hypothèse où les entreprises réduiraient leurs ambitions en matière de recrutement, du fait notamment d’une récession provoquée par le relèvement des taux piloté par les banques centrales pour lutter contre l’inflation. Si dans un tel scénario le déséquilibre entre offre et demande serait réduit, la tendance resterait malgré tout la même.

Cette situation persistante aura des conséquences sur la relation entre employeurs et salariés. Selon le rapport, les travailleurs devraient avoir davantage de pouvoir pour négocier des avantages plus importants, demander des évolutions, de la flexibilité horaire ou géographique, voire des augmentations de salaire. Les auteurs observent des prémices de cette situation dans les phénomènes comme celui survenu aux États-Unis, qualifié de « Grande Démission », ou encore l’augmentation du « ghosting » qui désigne le fait pour les candidats ou de récents embauchés de ne pas se présenter, soit à l’entretien, soit à leur entreprise pour commencer à travailler.

Comment inverser la vapeur ? Le rapport envisage trois voies. Les entreprises pourraient d’abord faire appel à des travailleurs étrangers, à l’instar du Japon qui a assoupli ses exigences en matière de visa pour certaines catégories de travailleurs. Ensuite, pourquoi ne pas « puiser » dans les groupes de travailleurs moins recherchés ? Le rapport cite notamment l’intérêt pour les entreprises d’avoir un recours accru à des publics comme les personnes handicapées, les seniors ou les femmes. Enfin, dernière possibilité : investir dans les technologies pour améliorer la productivité. En dépit des débats autour des craintes de pertes d’emploi que pourrait causer une automatisation plus poussée, le rapport cite le cas des États-Unis où la réservation en ligne n’a pas abouti à une réduction des effectifs des compagnies aériennes, même si les salariés dédiés à la billetterie représentent désormais une part plus faible du nombre de travailleurs.

 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins