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Un plan spécifique de transformation des métiers de la fonderie automobile

Emploi & mobilité | publié le : 26.04.2021 | Benjamin d'Alguerre

C’est une course contre la montre qui s’engage dans le secteur automobile français. Pour Luc Chatel, président de la Plateforme de la filière automobile (PFA), l’irruption du coronavirus dans l’actualité industrielle a forcé les constructeurs à accélérer le mouvement de passage du moteur thermique au tout-électrique en oubliant les étapes intermédiaires comme les moteurs hybrides ou autonomes. Là où les signataires du premier contrat de filière de 2018 imaginaient une transition en douceur sur cinq ou dix ans, « il va falloir anticiper la transformation en trois ! », avertit l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy. L’affaire ne se fera cependant pas sans conséquences économiques et sociales. « La production de batteries nécessite trois fois moins d’ouvriers qu’aujourd’hui ! » poursuit Luc Chatel. Selon un récent rapport de l’Observatoire des métiers de la métallurgie, 100.000 emplois dans l’automobile sont en danger à un horizon très court. Et ce malgré les perspectives de relocalisation d’une partie de la production (à l’image de la future « Gigafactory » de production de batteries qui doit prochainement entrer en activité à Douvrin, dans le Pas-de-Calais).

Dans la ligne de production automobile française, un secteur se voit particulièrement menacé : celui de la fonderie. 335 entreprises recensées pour près de 30.000 emplois, dont 15.000 directement liés à l’automobile. « Sa situation est préoccupante. L’outil de production est trop petit, trop atomisé, trop lié à l’utilisation des métaux ferreux de moins en moins utilisés dans la production puisque le véhicule électrique en nécessite quatre fois moins que le thermique », avertissait Bruno Le Maire à l’occasion de la signature à Bercy, le 26 avril, de l’avenant au contrat de filière stratégique 2018 par les principaux acteurs concernés : ministères de l’Économie, du Travail, des Transports et de l’Industrie, grands patrons des deux géants automobiles français Renault et Stellantis, représentants des équipementiers et des concessionnaires et organisations syndicales.

Au vu des enjeux, un plan spécifique d’accompagnement de la filière fonderie en cinq étapes a été dévoilé par Élisabeth Borne, le 26 avril. Primo : accompagnement des acteurs de la fonderie dans leur diversification et l’atteinte de l’excellence opérationnelle, grâce notamment à la mise à disposition d’experts de la part des constructeurs ; Deuxio :  soutien des investissements pour la compétitivité et la diversification grâce aux 13,4 millions d’euros d’aides publiques déjà versées dans le cadre du plan de relance venus soutenir 35,3 millions d’euros d’investissements productifs en France ; Tertio : mobilisation du Fonds Avenir Automobile 2 (FAA2, 525 millions d’euros) pour renforcer les fonds propres des sous-traitants automobiles dans leurs projets de consolidation ; Quarto : accompagnement de la reconversion des salariés par la production d’une analyse sur les emplois menacés et ceux à pouvoir dans les bassins d’emploi les plus directement concernés et la mobilisation de dispositifs comme Transitions collectives (« TransCo »), mais surtout par la mise en place d’un fonds exceptionnel d’accompagnement et de reconversion à destination de ce secteur particulier. « Ce fonds, doté de 50 millions d’euros avec un apport de 20 millions d’euros des constructeurs, sera déployé dans les semaines à venir », précise Élisabeth Borne. Les Régions abritant des entreprises menacées seront encouragées à abonder.

Enfin, en guise de cinquième étape, un plan de revitalisation des territoires les plus impactés est également à l’agenda. Les collectivités concernées pourront bénéficier d’un soutien à l’ingénierie territoriale pour faire émerger des projets. Les dispositifs de France Relance seront priorisés pour subventionner les investissements industriels créateurs d’emplois.

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre