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Le pouvoir d’achat prioritaire sur les retraites, selon Laurent Berger

Salaires | publié le : 08.06.2022 | Benjamin d'Alguerre

La question des retraites peut attendre, celle du pouvoir d'achat passe avant, a réaffirmé Laurent Berger qui enjoint à l'État à conditionner les aides publiques aux entreprises à la tenue de nouvelles négociations sur les salaires.

Si Frédéric Souillot espérait monter dès cet été un front syndical uni contre le projet de réforme des retraites, c’est en partie raté. Il faudra faire – pour l’instant – sans la CFDT, dont les préoccupations sont ailleurs. Certes, la centrale de Belleville et son chef, Laurent Berger, ont déjà fait savoir leur opposition à tout projet de recul de l’âge légal de départ à 65 ans, mais, selon eux, la priorité du moment est ailleurs. "Pour l’instant, il n’y a pas de réforme, seulement des annonces politiques. Le dossier des retraites polarise beaucoup, mais ce n’est certainement pas le sujet d’aujourd’hui, qui reste le pouvoir d’achat", a-t-il rappelé, le 8 juin, à l’occasion d’une rencontre avec l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis).

Ce qui ne signifie pas pour autant que la Confédération – qui tiendra son cinquantième congrès confédéral à Lyon, du 13 au 17 juin – ne se mobilisera pas le moment venu. "65 ans, c’est «no way» ! On l’a dit et répété ! Cela pénaliserait ceux qui ont commencé à travailler tôt ou exercent des métiers difficiles. Il y a d’ailleurs beaucoup d’hypocrisie chez ceux qui, dans le patronat, appellent à travailler plus longtemps sans pour autant mettre en place de politiques dédiées à l’emploi des seniors. Mais la question de l’âge n’a pas beaucoup de sens pour la CFDT […]. Pour nous, la mère des batailles, c’est le quotidien des travailleurs : le travail, le chômage, les conditions de vie au travail, la protection sociale… Se focaliser sur la seule question des retraites, ce n’est pas notre logiciel", détaille Laurent Berger.

L’urgence, aux yeux de la CFDT, reste la réponse à apporter à un pouvoir d’achat fortement grevé par une inflation galopante qui risque de s’aggraver d’ici l’automne. Et même si, pour l’heure, le Gouvernement semble avoir donné une fin de non-recevoir à la proposition cédétiste de "grande conférence sociale de rentrée sur les salaires", Laurent Berger appelle à une vraie revalorisation des rémunérations. Dans le secteur privé, d’abord, où la CFDT enjoint l’exécutif à conditionner les aides publiques aux entreprises à l’ouverture de négociations sur les salaires – notamment dans les 143 branches dont les minima demeurent inférieurs au Smic – ou par l’instauration de mécanismes d’intéressement et de partage de la valeur dans les entreprises afin de rééquilibrer la balance avec le versement de dividendes aux actionnaires. Dans le public, ensuite, où l’État et les collectivités employeuses ne sont pas toujours exemplaires en matière de rémunérations, comme en témoignent les sept échelons de la fonction publique toujours accolés au salaire minimum.

À cette politique attendue de revalorisation salariale, la CFDT n’oppose pas le versement occasionnel d’aides au pouvoir d’achat sous forme de chèque énergie, carburant ou, à l’image de ce coup de pouce de 150 euros promis par Élisabeth Borne aux ménages les plus modestes pour la prochaine rentrée, alimentation. À condition cependant de bien cibler les publics concernés, prévient Laurent Berger. "Tous ne souffrent pas de l’inflation dans les mêmes proportions."

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre