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Formation professionnelle : le retard français

L’actualité | publié le : 25.05.2010 | LAURENT GÉRARD

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Formation professionnelle : le retard français

Crédit photo LAURENT GÉRARD

La France est en retrait par rapport à ses voisins européens sur l’accès à la formation, au e-learning, sur l’auto-investissement…, assure une étude Cegos.

Qui est formé, à quoi et comment ? Quel rôle l’entreprise joue-t-elle ? Les salariés sont-ils satisfaits de ces formations ? Comment souhaitent-ils apprendre aujourd’hui et demain ? Pour répondre à ces questions, Cegos, principal prestataire privé de formation professionnelle en France, a interrogé 2 200 salariés allemands, espagnols, britanniques et français, en mars 2010. Les résultats ont été présentés le 11 mai. Conclusion : sur toutes les questions abordées, la France est en retrait, voire en retard.

Premier enseignement de cette étude : dans les 4 pays observés, les formations suivies le sont principalement à l’initiative personnelle du salarié (61 %). Les Allemands (68 %) et les Espagnols (67 %) prennent tout particulièrement la main ; au contraire des Français pour qui il s’agit d’une démarche active dans seulement un cas sur deux.

Les managers anglais sont les plus impliqués dans la formation de leurs équipes. Dans 40 % des cas au Royaume-Uni, la formation est due à une initiative conjointe salarié-manager ; et 31 % des managers britanniques assurent un suivi post-formation auprès de leurs salariés, c’est-à-dire 2 fois plus souvent que leurs homologues européens (17 %)! Les managers français, quant à eux, affichent un piètre 15 %.

Dans les pays étudiés, et contrairement à certaines idées reçues, ce ne sont pas forcément les plus grosses entreprises qui forment le plus : celles de taille moyenne (250 à 1 000 salariés) forment 86 % de leur personnel contre 71 % pour les plus de 1 000. Elles utilisent des formats mixtes dans 35 % des cas, contre 32 % pour les grandes organisations.

Des bénéficiaires satisfaits

Second enseignement : 94 % des salariés bénéficiaires de formation professionnelle en sont satisfaits. Ils la trouvent utile pour acquérir de nouvelles connaissances professionnelles (94 %) et 80 % d’entre eux sont persuadés que les acquis de la formation vont contribuer à leur évolution professionnelle.

La plupart des salariés sont d’ailleurs prêts à aller encore plus loin : 76 % d’entre eux accepteraient de se former hors du temps de travail et 53 % seraient prêts à financer eux-mêmes leur formation. Mais, sur ces propositions, les Français sont plus mesurés que leurs voisins : ils approuvent largement la possibilité de se former sur leur temps libre (64 %), mais seuls 34 % d’entre eux sont prêts à payer de leur poche pour se former. Ces deux derniers chiffres sont constants depuis plus de dix ans, mais ne se traduisent pas dans la réalité des pratiques.

Les Espagnols, champions du e-learning

Troisième constat : la formation présentielle reste la modalité fondamentale d’apprentissage ; 92 % des Européens formés lors des trois dernières années l’ont été de cette manière. Mais la formation “en salle” coexiste avec d’autres pratiques telles que le e-learning seul (42 %) ou les formats mixtes présentiel-e-learning (31 %).

Là encore, la France se singularise. Les Espagnols sont presque 3 fois plus nombreux que les Français à avoir expérimenté le e-learning (54 % contre 19 %). Les Espagnols sont aussi les “champions” de la visioformation : 57 % des salariés ibériques formés en e-learning l’ont pratiquée. De leur côté, les Anglais sont également à la pointe : 42 % ont été formés via le e-learning.

Les Allemands, en retrait par rapport aux Espagnols et aux Anglais en ce qui concerne cette modalité en général, sont quant à eux en tête sur des pratiques comme le serious game (21 %) ou le mobile learning, via téléphone portable (15 %).

« La France, malgré une législation particulièrement favorable à la formation, continue d’être en décalage par rapport à ses voisins, pratiquant moins qu’eux le e-learning et la formation mixte », commente Cegos.

Pourtant, et c’est le dernier constat, les salariés se déclarent très ouverts à la variété des modes d’apprentissage. Pour les trois ans à venir, ils plébiscitent les formations sur le terrain (89 %) et le présentiel (87 %), mais aussi une variété de modes d’apprentissage : les formations mixtes (86 % des répondants sont pour leur développement), le e-learning (86 %), les outils de formation collaboratifs (67 %)…

Les salariés français sont les plus négatifs

Au final, les salariés français sont ceux qui jugent leur entreprise comme la moins impliquée dans la formation : 61 % d’entre eux pensent que leur entreprise « met en place tous les moyens » pour améliorer la formation et les compétences, contre une moyenne européenne de 69 %. Et quand on entre dans le détail (voir tableau ci-contre), les Français sont toujours les plus négatifs. En conséquence, ce sont les salariés qui formulent le moins d’attente en matière de formation : 62 % contre une moyenne européenne de 73 %.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD