Au nom de la protection de l’emploi, un processus de remise en cause de l’encadrement juridique de la relation de travail s’est mis en marche. Pour l’OCDE, un surcroît de flexibilité et d’adaptation est nécessaire pour fluidifier l’emploi et lever ainsi les obstacles à l’embauche. Pour cet organisme, le travail est vu comme une marchandise achetée et vendue sur un marché dans lequel le salarié en place s’efforce de conserver une rente en empêchant les outsiders de faire une meilleure offre. Or, paradoxalement, la déréglementation souhaitée s’est traduite par une débauche de règles multipliant les contrats alternatifs au bon vieux CDI. Au sein de cette réglementation, le régime de la rupture occupe une place centrale, révélatrice de l’évolution des dynamiques du travail salarié dans le cadre productif. Partie de l’encadrement du licenciement, la législation a introduit une diversification des modes de ruptures puis s’est orientée au cours de la période récente vers la multiplication des mesures d’accompagnement des licenciements.

Cet ouvrage collectif est issu d’un séminaire de recherche sur les modalités de rupture et de flexibilité du contrat de travail, qui s’est tenu en 2007 et 2008. Les contributeurs y analysent les tenants et aboutissants de la nouvelle doxa des décideurs économiques concernant la rupture du contrat de travail, passant notamment à la loupe l’évolution de ses motifs et la nouvelle rupture conventionnelle, en tant qu’elle semble une première attaque à l’intérieur du CDI lui-même.