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Enquête

Des outils pour venir à bout de l’illettrisme

Enquête | publié le : 08.06.2010 | VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE

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Des outils pour venir à bout de l’illettrisme

Crédit photo VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE

La lutte contre l’illettrisme peut entrer dans l’ère du déploiement massif grâce à la mise en place de nombreux outils. Mais elle nécessite, au préalable, une mobilisation des entreprises et la professionnalisation des acteurs de la formation.

Les entreprises qui souhaitent endiguer le fléau de l’illettrisme touchant certains de leurs salariés disposent désormais d’une multitude d’outils. Des “kits du praticien”, accessibles en ligne (1), ont été présentés lors de la rencontre nationale du Forum permanent des pratiques de l’Agance nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), qui s’est tenue à Lyon du 5 au 7 mai dernier. On y apprend comment construire un parcours sur mesure, comment consolider les compétences de base des apprentis, comment sécuriser les parcours par la formation aux savoirs de base… Ils sont assortis d’une synthèse destinée aux décideurs politiques et dirigeants d’entreprise.

Durant six ans, l’ANLCI a mis en réseau les acteurs impliqués dans les actions de lutte contre l’illettrisme pour qu’ils communiquent sur leurs pratiques. Depuis 2008, elle travaille à faire émerger les facteurs de réussite de ces pratiques. Dans chaque région, les représentants d’organismes de formation et d’Opca (4 000 au total) ont choisi une thématique, autour de laquelle ils se sont réunis pour évaluer les pratiques qu’ils jugeaient utiles de faire partager. Un processus commun était imposé : un expert accompagnateur, des rencontres départementales et une régionale. Les différents kits sont le résultat de de ces réflexions et analyses.

Passer à un traitement de masse

Voulant « outiller chacun en fonction de ses responsabilités », selon le mot de Marie-Thérèse Geffroy, directrice de l’ANLCI, cette dernière a, durant ces deux jours de rencontres, proposé des modules de formation à l’utilisation de ces kits. Et, surprise, « nous avons enregistré 805 participations, contre 400 attendues ! », se réjouit-elle. Quant aux séances plénières, elles ont regroupé jusqu’à 600 personnes.

Ce succès traduit, selon Marie-Thérèse Geffroy, à la fois un réel besoin de professionnalisation dans ce domaine et une chance de passer à un traitement de masse. D’ores et déjà, elle compte multiplier ces formations.

Collaboration avec les Opca

Hervé Fernandez, secrétaire général de l’ANLCI, partage lui aussi le sentiment que le déploiement de la lutte contre l’illettrisme est bien amorcé. « Depuis deux ou trois ans, constate-t-il, le fléchage de ces actions dans les crédits du Fonds unique de péréquation a beaucoup aidé ; de même, les accords-cadres que nous avons signés avec des Opca : 15 d’entre eux collaborent avec nous aujourd’hui, contre 5 en 2006. » L’Agefos-PME a ainsi profité de ces deux jours pour réunir son réseau autour de l’utilisation du référentiel des compétences clés en situation professionnelle de l’ANLCI.

Et demain ? Marie-Thérèse Geffroy espère que « toutes ces productions disponibles vont inspirer des politiques publiques, sans que l’on réinvente sans cesse de nouveaux dispositifs cloisonnés ».

(1) <www.anlci.gouv.fr>

L’essentiel

1 La moitié des 3 millions de personnes victimes d’illettrisme en France ont un emploi.

2 Les organisations du travail deviennent plus contraignantes et plus exigeantes du fait des normes et des démarches qualité, et ne peuvent plus s’accommoder de salariés illettrés.

3 Les entreprises ont pris conscience qu’elles ne pouvaient plus contourner l’illettrisme et qu’elles devaient l’affronter, assure le spécialiste Daniel Lustin.

Illettrisme ?

→ Un adulte qui a été scolarisé, mais qui n’a pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture ni du calcul, est illettré.

→ Selon une enquête menée par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), plus de 3 millions de Français de 18 à 65 ans ne maîtrisent pas ces savoirs de base. Pourtant, plus de la moitié d’entre eux ont un emploi ! Sous un autre angle de vue : 8 % des salariés et 15 % des chômeurs sont en situation d’illettrisme.

→ Lutter contre l’illettrisme, c’est permettre à la personne de réapprendre ces savoirs de base pour consolider ses compétences.

Auteur

  • VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE