Le projet THR (Transforming human resources) de Bayer France (pharmacie et chimie) est entré, le 28 juin dernier, en phase opérationnelle. Les 3 800 salariés de Bayer France ont désormais affaire à des centres de services RH partagés. Le premier, basé au siège du groupe, à Leverkusen (Allemagne), est composé de 11 personnes recrutées en externe. « Toutes ont le français pour langue maternelle », certifie Laurent Besse, responsable du développement RH, qui doit encore beaucoup rassurer sur ce point. Ces “généralistes” assurent un front office téléphonique pour tous les aspects administratifs (paie, congés, demandes de formation…).

Des équipes comparables ont été recrutées pour répondre aux salariés d’Allemagne, de Grande-Bretagne, de Belgique, d’Espagne et d’Italie. « Elles se trouvent toutes au même endroit, de manière à bénéficier immédiatement des infrastructures et du développement des process et des outils », explique Laurent Besse. Pour les questions complexes, les salariés français contactent l’un des 17 spécialistes des deux autres centres de services, d’anciens salariés des RH basés, eux, en France (au siège à Lyon, et à Puteaux, en région parisienne).

Les employés peuvent aussi accéder au portail Internet “HR Direct on line”, par exemple pour télécharger leurs feuilles de paie. Pour ceux qui n’ont pas d’ordinateur, des bornes informatiques dédiées ont été installées dans les deux usines de Villefranche-sur-Saône (69) et de Marle (02).

Trois centres d’expertise, dont les salariés sont toujours basés dans leurs entités respectives, élaborent quant à eux la politique globale : développement RH, relations sociales, et rémunération et avantages sociaux de Bayer France.

Restent 13 RRH de terrain, gérant chacun une “population” spécifique (recherche, forces de vente pharmacie, etc.). « Toute l’organisation est sous-tendue par le système informatique SAP, mis en place pour ce projet », précise Laurent Besse, qui assure que les coûts informatiques « importants » n’empêcheront pas un retour sur investissement « à brève échéance ».

L’effectif RH est passé, en France, de 95 à 65 personnes (hors médecine du travail). « Nous avons pris l’engagement de permettre à tous ceux qui le souhaitent de rester », assure-t-il. Une promesse qui n’a pas suffit à rassurer les institutions représentatives du personnel : selon une déclaration du CCE, en septembre 2009, les salariés RH « sont condamnés à des postes déqualifiés » et les « utilisateurs » vont, eux, être « livrés à eux-mêmes face à des outils informatiques, aux pressions économiques de leurs unités et à la gestion technique de problèmes individuels ».

N’ayant pas obtenu la remise en cause du projet, le CCE a interpellé les CHSCT, qui ont demandé une expertise des conséquences sur les conditions de travail et sur les risques psychosociaux. « La mise en processus informatique, notamment, fait perdre aux salariés de la RH la finalité de leur travail et leur autonomie par une forme de taylorisation, et déshumanise la fonction », estime Stéphane Tourneux, coordinateur CGT groupe. « Nous échangions déjà par mail avec les salariés », répond un ancien DRH de site, Eric Thomas. Le cabinet Cidécos, mandaté, rendra son rapport à l’automne.