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« Pour un fournisseur “partenaire”, combien sont mis en concurrence sur les prix ? »

Enquête | L’entretien avec | publié le : 05.10.2010 | AURORE DOHY

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« Pour un fournisseur “partenaire”, combien sont mis en concurrence sur les prix ? »

Crédit photo AURORE DOHY

E & C : Il est rare aujourd’hui qu’un rapport de RSE ne mette pas en avant les pratiques d’“achats responsables” de l’entreprise. Est-ce un effet d’annonce ou une réelle avancée dans les relations entre donneurs d’ordre et fournisseurs ?

F. Q. : Quelques signes positifs plaident en faveur d’une amélioration des pratiques. Certaines directions des achats font de réels efforts en termes d’anticipation et de dialogue. On commence également à entendre dire que les entreprises qui exigent de leurs fournisseurs des résultats en matière de RSE seraient bien avisées de commencer par appliquer elles-mêmes les bonnes pratiques demandées.

Oui, il est vrai que certains fournisseurs sont considérés comme des “partenaires” par leurs donneurs d’ordre. Peut-être même sont-ils de plus en plus nombreux à entrer dans cette catégorie chaque année. Pour autant, la question qui fâche est la suivante : quel pourcentage ces fournisseurs représentent-ils dans le portefeuille des directions des achats ?

Pour un fournisseur élevé au rang de partenaire, combien continuent à subir une mise en concurrence sur les prix ?

E & C : Est-ce qu’une même entreprise aura des pratiques différentes en fonction de ses fournisseurs ?

F. Q. : C’est malheureusement inévitable. Rappelons que certaines entreprises travaillent parfois avec plusieurs milliers de fournisseurs. Parmi eux, il y a ceux qui sont identifiés comme “stratégiques” et ceux qui sont facilement substituables. Les acheteurs ont coutume de dire qu’ils réalisent 80 % de leurs achats avec 20 % de leurs fournisseurs. Rien de surprenant à ce que ces 20 %-là bénéficient de pratiques d’“achats responsables”.

En revanche, il est à craindre que les politiques de RSE qui s’appliquent aux 80 % restants n’aient d’autre visée que défensive : le donneur d’ordre se couvre pour éviter tout risque social ou environnemental en faisant signer des chartes ou en inscrivant des clauses dans les appels d’offre. Autant d’engagements qui, bien souvent, ne feront l’objet d’aucun accompagnement ni d’aucun contrôle et qui ajoutent des contraintes sans contreparties en termes de prix ou de garantie sur la durée de la relation.

E & C : Quelles sont les principales pistes de progrès en matière d’achat responsable ?

F. Q. : Parlons des acheteurs eux-mêmes, qui restent soumis à des injonctions contradictoires : d’un côté, on leur vante les mérites des “achats responsables”, et de l’autre, on continue à les évaluer sur les seuls critères d’économies générées. Notez aussi que, lorsqu’il existe, le responsable ”achats responsables” est souvent le subordonné hiérarchique du directeur des achats, ce qui contribue également à générer des tensions.

Plus généralement, les chartes de bonnes pratiques et les référentiels peuvent favoriser une certaine mise en cohérence des pratiques, à l’heure où chaque entreprise bricole dans son coin. A ce titre, on ne peut que saluer les travaux récemment initiés par l’Afnor pour créer une norme “achats responsables” sur la base de la nouvelle norme concernant la responsabilité sociétale : ISO 26000.

Auteur

  • AURORE DOHY