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Enquête

Un plan d’action stratégique de filière

Enquête | publié le : 05.10.2010 | A. D.

La fédération professionnelle propose de définir une stratégie globale pour la filière, assortie d’une GPEC de la branche.

Le 11 mai dernier, devant plus d’une centaine de donneurs d’ordre et de fabricants de la filière, l’Union française de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, des pierres et des perles (BJOP) présentait son plan d’action “impulsion 2010-2011”. Pour la fédération, qui représente 174 entreprises sur les 3 500 que compte la profession, il s’avère désormais urgent de soutenir une filière en voie d’effritement. En 2009, le secteur a enregistré 5,2 milliards d’euros de ventes sur la France, soit 2 % de moins que l’année précédente, et les exportations ont dégringolé de 12 %. Mais ce sont les ateliers qui ont payé le plus lourd tribut à la crise : entre 2008 et 2009, le chiffre d’affaires des sous-traitants des maisons de la place Vendôme (1,8 milliard d’euros) a ainsi chuté de 17 %.

Rupture “culturelle”

« La crise économique n’a fait que révéler les faiblesses structurelles de la filière, souligne Philippe Lavault, le chef de cabinet de la présidente de la fédération. Depuis trente ans, une rupture s’est opérée entre les logiques marketing et financières des grandes marques désormais largement internationalisées et le positionnement traditionnel des fabricants, restés concentrés sur des niches d’excellence. » Une rupture “culturelle” qui a fini par entraîner une hémorragie de compétences chez les sous-traitants : chute de 12,5 % dans les effectifs entre 2001 et 2005, puis de 6,3 % pour la seule année 2006.

Renouer le dialogue

Porté par un comité de pilotage réunissant 11 fabricants et 12 marques telles que Boucheron, Dior Joaillerie, Mellerio ou Piaget, le plan d’action de l’union BJOP entendait en tout premier lieu renouer les fils du dialogue entre les deux parties. Le 22 juin dernier, un forum de speed networking a ainsi permis à 22 donneurs d’ordre et à 22 fabricants d’échanger au cours de face-à-face d’une durée de 20 minutes. Une charte de bonnes pratiques visant à assurer “l’éthique des comportements” devrait également être signée d’ici à la fin de l’année.

Pour le plan “impulsion 2010-2011”, la médiation n’est cependant pas une fin en soi. En témoigne le second volet du plan, financé à hauteur de 70 % par l’Etat via la Drire d’Ile-de-France et dont le démarrage est prévu en octobre. « Dans une profession aussi disparate que la nôtre, qui d’autre qu’une fédération professionnelle est à même de prendre suffisamment de recul pour proposer une stratégie globale de filière ? », souligne Philippe Lavault.

Optimiser la compétitivité

Dans un premier temps, une quinzaine d’audits seront conduits par des consultants en organisation, dans le but d’optimiser la compétitivité des fabricants. « De tels audits ne sont pas rares dans la profession, précise Philippe Lavault. Mais cette fois, le cabinet sera chargé de réaliser une restitution collective des tendances et des enjeux communs. Un objectif de performance collective sera donc lié à l’objectif de performance individuelle, en vue d’élever le niveau de réponses de la filière au marché. »

En 2011, cette phase stratégique devrait en outre s’enrichir d’un volet GPEC. « Les “mains” qui travaillent à la fabrication des pièces de bijouterie et de joaillerie sont l’essence même de la filière et de sa pérennité. Il est indispensable de préserver ce haut niveau de savoir-faire et d’adapter nos formations aux nouvelles exigences de la profession », explique Philippe Lavault.

L’union BJOP gère elle-même les écoles de bijouterie, joaillerie et orfèvrerie de la rue du Louvre, à Paris.

FILIÈRE DE LA BIJOUTERIE ET DE LA JOAILLERIE

• Effectifs : 11 260 salariés dans 3 048 entreprises.

• Ventes en France et exportations en 2009 : 7,7 milliards d’euros.

Le label “joaillerie de France” bientôt assorti de clauses développement durable

→ Toujours dans le cadre du plan “impulsion 2010-2011”, l’union BJOP travaille dès à présent à l’adaptation du label “joaillerie de France”, créé en 2006 pour promouvoir les savoir-faire français en matière de fabrication bijoutière et joaillière, au processus de certification du Responsible Jewellery Council (RJC).

→ Fondé en 2005, le RJC est une association sud-africaine à but non lucratif qui défend l’introduction de critères de RSE – respect des droits de l’homme, interdiction du travail des enfants, respect de l’environnement – dans la filière de l’or, du platine et du diamant.

→ « L’introduction de critères liés au développement durable dans notre profession contribuera à asseoir la pérennité de la filière », souligne Philippe Lavault.

Auteur

  • A. D.