logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Une usine encore sous tension

Enquête | publié le : 30.11.2010 | CHRISTIAN ROBISCHON

Image

Une usine encore sous tension

Crédit photo CHRISTIAN ROBISCHON

Signé au terme de plusieurs rebondissements, l’accord de 2009 de gel temporaire des salaires et de hausse du temps de travail, en échange du maintien de l’emploi, laisse des cicatrices chez le fabricant d’ampoules.

Fermez le ban. Dans l’usine Osram de Molsheim (Bas-Rhin), les signataires de l’accord sur le gel des salaires et la remontée du temps du travail n’ont plus envie d’aborder le sujet. « Il est temps de regarder l’avenir », fait savoir la direction. Le syndicat majoritaire FO ne manifeste pas davantage d’entrain à s’exprimer. Sa position n’est pas des plus confortables. Opposé à la première approche radicale de l’employeur, qui prévoyait au printemps 2009 le licenciement de tous les salariés refusant une baisse de salaire, il a signé avec la CFE-CGC l’accord collectif du 18 novembre 2009 sur une base modifiée : moyennant le maintien des emplois jusqu’en 2014 et donc l’abandon du projet de PSE, le personnel accepte d’une part de geler les salaires jusque courant 2012 et d’autre part de passer aux 35 heures effectives, signifiant une augmentation de 1 h 40 du temps de travail (passage de 10 à 6 jours de RTT dans le cas des cadres), par la non-comptabilisation des temps de pause. Cet accord faisait suite à un référendum consultatif qui en avait approuvé le projet de contenu.

Syndicats mécontents

Mais l’épilogue a laissé des mécontentements. Dont des syndicats jusqu’alors absents comptent faire leur lit. La CFDT tente d’entrer dans l’usine, forte du « sentiment qu’il y a des choses à entreprendre ici ». C’est déjà chose faite pour la CGT, qui a rompu le monopole de FO parmi les opérateurs. Elle a constitué une section d’une quinzaine d’adhérents dès les jours suivant le référendum. A entendre son responsable, Raphaël Herrerias, démotivation et tension resteraient monnaie courante, quoique de façon moins intensive que dans les premiers mois post-accord, nourris par quelques licenciements individuels. « L’ambiance demeure tendue, le personnel souhaite désormais en savoir plus sur l’avenir, sur ce qui se passera au-delà de 2014 », confie Ralf Blindauer, l’avocat du CE.

Neuf samedis travaillés gratis

La nouvelle section CGT vise trois “clientèles” : la centaine de salariés qui avait dit non au référendum, les 108 qui avaient refusé le deal du printemps – les uns ne se confondent pas complètement avec les autres – et le personnel affecté à la logistique, « laissé de côté par FO et principal lésé de l’accord, selon Raphaël Herrerias. Comme ce dernier travaillait déjà à 35 heures, l’augmentation du temps de travail signifie pour lui neuf samedis travaillés gratis ».

Or la logistique constitue la clé de voûte du dispositif industriel construit par la direction de l’usine française avec sa maison mère allemande en échange de l’effort financier des salariés : grâce à la baisse des coûts générée, Molsheim se voit confier une production d’ampoules de nouvelle génération promise à la Slovaquie. Mais cette décision maintient un sureffectif de 100 personnes dans les ateliers, qui sera résorbé par son transfert progressif – il s’est amorcé – vers le centre logistique attenant, doté d’activités supplémentaires.

La CGT va plus loin : elle a pris la décision de dénoncer l’accord en justice, au motif du non-paiement (ils sont comptabilisés comme RTT) des deux jours fériés spécifiques à l’Alsace-Moselle, le vendredi saint et le lendemain de Noël. « Cette faille était connue, elle devait être résorbée, ce n’est toujours pas le cas », souligne Raphaël Herrerias. Le syndicat nouveau venu devrait passer à l’acte avant la fin de l’année. Il a conscience d’ouvrir la boîte de Pandore, mais l’assume. « Ce texte accorde très peu d’avantages et il ne dit rien sur l’avenir au bout de cinq ans », estime André Thillard, secrétaire général de l’Union locale CGT de Molsheim.

OSRAM FRANCE

• Activité : production d’ampoules.

• Effectifs : 800 salariés (39 000 salariés dans le groupe Osram).

• Chiffre d’affaires : 250 millions d’euros en France (groupe Osram : 4 milliards d’euros en 2009).

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON