Travail, Genre et Sociétés n° 24 (nov. 2010), coordonné par Hélène Périvier et Rachel Silvera, 260 pages, 25 euros.

Le mot féminisme et le sigle MLF seraient “has been”, et se revendiquer féministe est presque une faute de goût. La révolution des mœurs est passée par là et les femmes peuvent aujourd’hui prendre la pilule ou avoir recours à l’IVG sans que cela ne déchaîne de levers de bouclier. Au-delà de cette vieille notion de libération des femmes, des thèmes comme la parité, l’égalité de salaire ou la conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle occupent désormais le devant de la scène médiatique et peuvent a priori sembler davantage avoir prise sur le concret.

Pourtant, la parité reste le plus souvent un vœu pieux, la cause de l’égalité salariale n’en finit pas de faire couler de l’encre sans progresser réellement et le thème de la conciliation des activités professionnelle et familiale tient plus souvent du marketing RH que de la réalité. Ce sont les femmes qui continuent de gérer l’essentiel des tâches domestiques, de s’occuper des enfants malades et d’être freinées dans leur ascension professionnelle par leur maternité actuelle ou simplement potentielle.

Le dossier coordonné par Hélène Périvier et Rachel Silvera, spécialistes de ces questions, dénonce cet activisme de façade, qui permet de ne pas changer grand-chose aux inégalités entre les genres, et frôle parfois l’imposture si l’on songe que cette fameuse conciliation permise, voire favorisée par l’entreprise, renvoie un peu plus encore les femmes à leur statut de mères et de ménagères. Manifestement, quelque chose reste à revoir.