Première filiale régionale de Bouygues construction en Normandie et Picardie, Quille Construction est engagée depuis vingt ans dans l’apprentissage. Mais l’entreprise utilise également l’alternance dans un objectif d’insertion de publics éloignés de l’emploi, grâce à des contrats de professionnalisation conclus par l’intermédiaire du Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq) BTP de l’Orne. Vingt personnes en insertion ont ainsi rejoint un chantier-école lancé en novembre pour la construction de la maison centrale de Condé-sur-Sarthe, un marché public qui fait l’objet d’une clause d’insertion de 30 000 heures de travail. Ce projet est conduit en partenariat avec l’Afpa, la région Basse-Normandie, Pôle emploi et le Geiq, « qui s’occupe à la fois de la gestion administrative et de l’accompagnement social individuel des salariés », explique Jacques Cremer, le DRH.

Agés de 20 à 30 ans, les salariés ont été recrutés via la plate-forme de vocation de Pôle emploi et par la méthode des habiletés pour un parcours de dix mois, en vue d’acquérir le titre professionnel de coffreur-bancheur, reconnu dans la branche. « Ils vont réaliser toute la partie gros œuvre d’un bâtiment complet, encadrés par des collaborateurs confirmés, en alternance avec des cours théoriques dispensés sur le site du chantier par un formateur de l’Afpa », indique le DRH.

Stagiaires de la formation professionnelle pendant les quatre premiers mois, ils découvrent le milieu, se remettent à niveau et doivent valider deux modules. « Cette première étape doit permettre de régler des difficultés annexes – mobilité, santé, logement – afin de limiter le taux d’abandon par la suite. » Les six mois suivants, ils deviennent salariés du Geiq en contrat de professionnalisation et passent 40 % de leur temps en formation théorique pour valider les deux autres modules. Ils sont alors rémunérés à 65 % du Smic pour les moins de 21 ans, et à 100 % pour les plus de 26 ans. Employeur légal, le Geiq met les salariés à disposition de Quille Construction, en facturant leur prestation à prix coûtant.

En passant par un Geiq plutôt que par une entreprise de travail temporaire d’insertion, voie souvent empruntée par les entreprises soumises à la clause sociale, « l’entreprise fait le choix de former les salariés en insertion et de les rémunérer pendant leur temps de formation. Cela a un intérêt lorsqu’elle souhaite les embaucher par la suite », remarque Isabelle Saffray, directrice du Geiq 61. « Notre but est bien sûr de garder ceux qui auront validé leur titre professionnel, même si on sait que nos exigences de mobilité limiteront peut-être le nombre de candidatures à cinq ou six personnes », prédit Jacques Cremer. Les autres entreprises adhérentes du Geiq offriront peut-être d’autres possibilités.

« L’alternance est une formule particulièrement adaptée aux publics en insertion, constate Isabelle Saffray. Elle offre un statut de salarié, une immersion en entreprise, et une application immédiate des compétences acquises, ce qu’apprécient souvent des publics en échec scolaire. » Le DRH de Quille Construction, qui emploie près de 3 % de salariés en alternance dont deux tiers d’apprentis, reconnaît que « c’est un engagement » : tutorat, accompagnement RH et administratif… « Cela coûte plus cher que de recruter un jeune sorti de l’école. » Mais l’alternance a ses avantages : « Elle permet de former aux méthodes et à la culture de l’entreprise, et d’avoir des collaborateurs de qualité qui sont des ambassadeurs de l’image de l’entreprise. »

• Activité : BTP.

• Effectif : 2 200 salariés.

• Chiffre d’affaires 2010 : 520 millions d’euros.