Depuis le 1^er janvier, l’activité postale est totalement ouverte à la concurrence, et les signaux de mal-être au travail se multiplient à La Poste. Le dernier en date : le suicide d’un postier le 8 janvier à Vitrolles (Bouches-du-Rhône). Selon la CGT du département, il s’agit du cinquième depuis janvier 2010, auquel s’ajoutent six tentatives.

Pour Jean-Luc Botella, secrétaire général CGT du département, ces drames interviennent dans un contexte où « les réorganisations sont brutales ». Les effectifs nationaux ont fondu entre 2002 et 2009 de 323 000 à 260 000 postiers (un recrutement pour trois à quatre départs).

Le représentant syndical souligne aussi que la charge de travail du postier décédé était passée « du simple au triple ». La direction de La Poste indique que cet agent n’avait pas mis en cause ses conditions de travail, inchangées, dans son courrier adressé à l’entreprise, mais qu’un audit était mené sur un déficit de caisse anormal et que cette situation le préoccupait. Une enquête interne, menée par des experts indépendants en réglementation, santé et action sociale, a débuté le 14 janvier.

Plus globalement, La Poste veut « évaluer les facteurs de stress des agents, indique Pascale Duchet-Suchaux, directrice de la prévention santé sécurité au travail. Actuellement, lors des visites médicales, les médecins du travail volontaires font remplir un questionnaire aux postiers. Les DRH sont aussi formés à l’analyse des résultats et à la façon de passer à la définition de plans d’actions. De plus, nous avons enclenché depuis 2007 différentes études, et les remarques des experts externes, des médecins du travail et des syndicats ont nourri notre plan santé et sécurité 2010-2013 ».

La Poste s’est engagée à maintenir un délai d’au moins 18 mois entre deux changements significatifs d’organisation. Les mobilités, non forcées, sont toujours précédées d’un entretien avec le directeur d’établissement pour expliquer et anticiper l’accompagnement. De plus, les formations à la prévention du stress se déploient auprès des managers, avec des échanges de bonnes pratiques.

Malgré tout, le taux d’absentéisme a progressé (de 5,04 % en 2006 à 5,57 % en 2009), même si La Poste le corrèle au vieillissement des agents. Le syndicat SUD, lui, s’alarme de la progression de 33 %, entre 2002 et 2009, du nombre de journées d’arrêt maladie pour cause d’accidents de service.