logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’actualité

Des entreprises “father friendly” ouvrent une nouvelle voie

L’actualité | publié le : 08.03.2011 | EMMANUEL FRANCK

Image

Des entreprises “father friendly” ouvrent une nouvelle voie

Crédit photo EMMANUEL FRANCK

Afin de lutter contre les stéréotypes liés au genre qui pénalisent la vie professionnelle des femmes, des entreprises œuvrent à masculiniser leurs métiers féminins et à favoriser la parentalité masculine. Une révolution décrite dans une étude de l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (Orse).

Et si la caissière était un caissier…? Et si c’était monsieur qui s’occupait des enfants malades…? Et si les entreprises favorisaient la parentalité masculine et la masculinisation des métiers “féminins”… ? Certaines le font, comme l’a vérifié l’Orse dans une étude sur “la place des hommes dans les accords d’entreprise sur l’égalité professionnelle”.

Cette étude – la première du genre – a été présentée le 4 mars, à l’occasion d’une conférence précisément intitulée “Impliquer les hommes dans les politiques d’égalité dans les entreprises”, en présence notamment de Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, et de Laurence Parisot, présidente du Medef. Le gouvernement a en effet décidé de faire de l’égal accès des hommes et des femmes aux responsabilités familiales un des axes importants de sa politique pour l’égalité professionnelle (lire encadré ci-contre). De son côté, Laurence Parisot a récemment déclaré qu’elle était favorable à un « congé paternité obligatoire ».

Du point du vue des entreprises, « l’implication des hommes et surtout des pères dans l’égalité en est encore à ses débuts », estiment François Fatoux, délégué général de l’Orse, et Rachel Silvera, économiste à l’université Paris 10, auteurs de l’étude.

Engagements des entreprises

Pour parvenir à cette conclusion, ils ont analysé les 165 accords d’égalité professionnelle recueillis par l’Orse*, à la recherche des engagements et des actions des entreprises en faveur, d’une part, de l’accès des hommes à des emplois “féminins” et, d’autre part, de la parentalité, notamment masculine. Ces 165 accords représentent environ 10 % des textes sur l’égalité professionnelle produits ces dernières années ; l’étude de l’Orse n’a donc pas l’ambition de détailler ce que font toutes les entreprises.

Sur l’accès des hommes aux emplois à prédominance féminine, les auteurs constatent que, « contrairement à [leur] intuition, bon nombre d’accords étudiés évoquent ce sujet : environ un quart (40 sur 165). Toutefois, le niveau d’engagement des entreprises varie d’un accord à l’autre. Il s’agit parfois simplement d’affirmer le principe de la masculinisation de certains métiers.

Actions de communication

Plus engagées, certaines entreprises prévoient des actions de communication et de sensibilisation vers le système scolaire, les organismes de formation professionnelle ou en direction des salariés. Ainsi, l’accord de l’agence de communication BETC Euro RSCG prévoit d’envoyer des hommes salariés sur les forums de recrutement pour donner une autre image du métier, et de mettre en place un plan de communication interne pour créer un « réflexe formation » chez les hommes.

Enfin, quelques entreprises mettent en place des actions, voire se fixent des objectifs chiffrés, comme la Fnac Relais (lire p. 6).

Sur le second thème, l’implication des hommes dans la parentalité, l’étude relève que la démarche est « en cours ». Il peut s’agir, comme chez CSF (supermarchés Champion), de simplement poser le principe selon lequel les congés parentaux doivent être accessibles aux hommes comme aux femmes, ou de prendre des mesures de sensibilisation des hommes aux dispositifs parentaux, ce que font par exemple Merck Santé, Accenture ou l’Afpa.

Mesures correctives

D’autres prévoient des mesures correctives. Ainsi, les deux tiers des accords étudiés par l’Orse maintiennent le salaire des pères en congé paternité au-delà du plafond de la Sécurité Sociale. Certaines entreprises (Hennessy, Bayer Santé, Union Invivo) prolongent ce congé. D’autres font preuve d’une grande inventivité : chez Bayer Santé, les futurs pères disposent d’autorisations spéciales d’absence pour le suivi médical des grossesses ou des cours prénataux. Tandis que la Sonacotra (aujourd’hui Adoma) prévoit des avantages en matière de rémunération et de mutuelles pour les parents qui prennent un congé parental de même durée. L’accord ne précise pas les modalités d’application.

*Accessibles sur <www.egaliteprofessionnelle.org>

Parentalité masculine : l’Igas remettra un rapport en juin

→ Après avoir échoué à réaliser l’égalité salariale entre salarié(e)s, le gouvernement change son fusil d’épaule : l’égalité professionnelle passe désormais par un égal accès des hommes et des femmes aux responsabilités familiales.

→ « Si un consensus s’est créé pour dire que […] les inégalités professionnelles viennent de l’inégal partage de la parentalité entre les hommes et les femmes, alors c’est du côté des conditions d’exercice de la paternité dans le monde du travail qu’il faut investiguer », estime Roselyne Bachelot-Narquin dans la lettre de mission transmise le 13 janvier à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), qu’elle a chargée d’un rapport sur l’accès des hommes aux responsabilités familiales.

→ Brigitte Grésy, inspectrice des affaires sociales et déjà auteure d’un rapport en 2009 sur l’égalité professionnelle, devrait le rédiger. Le rapport doit être remis le 1er juin.

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK