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Les négociateurs s’entendent pour financer la préparation des jeunes à l’emploi

L’actualité | publié le : 15.03.2011 | VALÉRIE GRASSET-MOREL

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Les négociateurs s’entendent pour financer la préparation des jeunes à l’emploi

Crédit photo VALÉRIE GRASSET-MOREL

Les partenaires sociaux se retrouvent ce 15 mars pour la troisième séance de négociation sur l’emploi des jeunes. Dès à présent, un fléchage vers les jeunes d’une partie des fonds paritaires affectés à la POE semble faire l’unanimité. Il reste à s’entendre sur les publics concernés.

Dans la négociation sur l’emploi des jeunes, un point fait consensus parmi les partenaires sociaux : tous souhaitent utiliser les dispositifs existants pour aider les jeunes à s’insérer, qu’ils soient diplômés, ou non. C’est ainsi que, lors de la précédente réunion, le 3 mars, ils ont évoqué la possibilité de “flécher” vers les jeunes une partie des fonds paritaires affectés à la préparation opérationnelle à l’emploi (POE). Une part des 25 millions d’euros engagés en 2011 par le FPSPP pour ce dispositif financerait alors un appel à projets spécifique en direction des Opca pour financer des POE “jeunes”.

Prérecrutement “sur mesure”

Ce dispositif, créé par les partenaires sociaux et repris dans la loi formation du 24 novembre 2009, permet à un demandeur d’emploi, indemnisé ou non, de bénéficier d’une formation nécessaire à l’acquisition des compétences requises pour répondre à une offre déposée par une entreprise à Pôle emploi (lire encadré).

Avec la POE, l’entreprise peut ainsi effectuer un prérecrutement “sur mesure” grâce à un plan de formation élaboré en concertation avec Pôle emploi et son Opca. Elle permet au candidat retenu d’être immédiatement opérationnel, d’où l’intérêt de la proposer à des jeunes que les employeurs estiment souvent insuffisamment préparés à la réalité de l’entreprise et peu motivés, comme le montre une récente étude Ifop-Adia*, menée auprès de patrons de PME-PMI. Un frein à l’embauche réel, alors que, comme le révèle cette enquête, l’appréciation des employeurs est toutefois plus favorable dès que les jeunes sont dans l’entreprise. La POE pourrait donc constituer un préalable à l’embauche gagnant-gagnant et lever les craintes des employeurs quant aux aptitudes professionnelles des jeunes.

Quels jeunes ?

Reste à déterminer les jeunes concernés. « Il n’est pas question de réserver ces fonds aux diplômés, comme le souhaite une partie de la délégation patronale », affirme Stéphane Lardy, de FO, qui entend plutôt cibler les jeunes de niveau V et infra, pour qui l’insertion professionnelle est la plus difficile.

Défenseur acharnée de la POE, la CGPME affirme cependant ne pas souhaiter orienter ces fonds vers une catégorie spécifique de jeunes : « La POE peut aussi bien concerner les jeunes sans qualification et/ou en difficulté préalablement à un contrat de professionnalisation, avec un tutorat externe assuré par les missions locales, que les jeunes “bac et +” en réorientation », explique Jean-Michel Pottier, président de la commission formation de la CGPME. Pour ce public de diplômés, il préconise de s’inspirer d’une expérimentation actuellement menée en Nord-Pas-de-Calais, couplant la POE à un accompagnement renforcé réalisé par Pôle emploi lorsque le candidat est présélectionné sur une offre déposée.

Mobilisation des Opca

Le ciblage de la POE vers les jeunes aurait pu, somme toute, être décidé par les partenaires sociaux en dehors de la négociation sur l’emploi des jeunes, via le comité paritaire national de la formation professionnelle. Mais pour Stéphane Lardy, il est important que la négociation nationale interprofessionnelle « acte » cette décision dès le 15 mars – alors que le terme des discussions sur l’emploi des jeunes est prévu le 23 mai – « pour impulser une dynamique politique interprofessionnelle au moment où les Opca signent avec Pôle emploi leurs conventions-cadres ». Ces dernières sont nécessaires pour que la POE puisse bénéficier du cofinancement d’un Opca. La première convention a été signée avec Agefos PME le 26 janvier dernier (lire Entreprise & Carrières n° 1034).

Le Fafih ouvre la voie

D’ores et déjà, des Opca ouvrent la voie vers une POE “jeunes”. Le Fafih, l’Opca de l’hôtellerie-restauration qui s’apprête à signer sa convention, va ainsi y insérer une clause spécifique prévoyant que les 400 heures de formation débouchent sur le premier niveau de qualification de la branche fondé sur les savoirs de base : le CQP (certificat de qualification professionnelle) Recape. « Ces jeunes demandeurs d’emploi seront formés en alternance, accompagnés par un tuteur, en amont d’un contrat de professionnalisation ou d’apprentissage », précise Michel Geiser, directeur général du Fafih.

De son côté, Nadine Morano réunit tous les Opca le 22 mars, pour leur fixer des objectifs chiffrés sur la POE. Il y a fort à parier que la question du fléchage des fonds sera en bonne place dans les discussions, alors que le gouvernement fait de l’emploi des jeunes l’une de ses priorités.

* “Regards de PME-PMI sur l’insertion des jeunes”, étude réalisée par le réseau de travail temporaire Adia en partenariat avec l’Ifop, décembre 2010.

La POE et l’AFPR, deux dispositifs presque jumeaux

→ Deux formules mises en œuvre par Pôle emploi permettent aux demandeurs d’emploi de se préparer par la formation à la prise d’un poste chez un employeur, privé ou public, qui a retenu leur candidature : la POE(1) et l’AFPR(2).

→ Les deux dispositifs permettent de financer une formation de 400 heures maximum préalablement à une embauche en CDI ou en CDD d’au moins douze mois pour la POE, d’un CDD de six à douze mois ou une mission d’intérim pour l’AFPR. Ces embauches peuvent se faire en contrat de professionnalisation.

→ Pendant la POE ou l’AFPR, le demandeur d’emploi a le statut de stagiaire de la formation professionnelle.

→ Une aide au financement de la formation est versée par Pôle emploi à l’entreprise : 5 euros par heure de formation lorsque celle-ci est réalisée par un organisme interne à l’entreprise et 8 euros lorsqu’elle est assurée par un prestataire externe. Contrairement à l’AFPR, la POE peut bénéficier du cofinancement d’un Opca, si une convention est signée avec Pôle emploi.

(1) Préparation opérationnelle à l’emploi.

(2) Action de formation préalable au recrutement.

Auteur

  • VALÉRIE GRASSET-MOREL