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Enquête

Impulser la RSE chez les fournisseurs

Enquête | publié le : 19.04.2011 | JOSÉ GARCIA LOPEZ

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Impulser la RSE chez les fournisseurs

Crédit photo JOSÉ GARCIA LOPEZ

L’équipementier électrique associe ses fournisseurs à sa politique de responsabilité sociale et environnementale (RSE).

Favoriser le maintien de l’emploi local : pour Legrand, groupe mondial aux 22 000 fournisseurs, c’est l’une des façons d’être socialement responsable. En Limousin, où siège l’entreprise, les carnets de commandes de ses fournisseurs – plasturgistes, spécialistes du découpage et du décolletage… – ont brusquement chuté de deux tiers en 2009. En cause : la crise dans l’industrie automobile, principal donneur d’ordres de ces PME. « Nos achats auraient pu alors représenter une part trop importante du chiffre d’affaires de ces entreprises, énonce Jean-Pierre Rouffet, directeur des achats du groupe. Le délit de gestion de fait ou de soutien abusif aurait pu nous être reproché. »

Caution auprès des créanciers

Plutôt que de se désengager, au risque de faire boire la tasse à ses sous-traitants, l’industriel a préféré raccourcir ses délais de paiement et se porter caution auprès de leurs créanciers. Résultat : une dizaine de PME en difficulté aidées par le groupe ont traversé la crise. Pour autant, le patron des achats ne souhaite pas être taxé d’angélisme. En retour, il s’attend à ce que les actions socialement responsables ne soient pas l’apanage des grands donneurs d’ordres.

L’intégration des critères de responsabilité sociale dans la stratégie de Legrand vis-à-vis de ses fournisseurs est aujourd’hui bien rodée. Sous l’impulsion de son Pdg, Gilles Schnepp, l’entreprise adhère depuis 2006 aux principes du Pacte mondial Global compact de l’ONU. Elle a signé dès 2010 la charte “10 engagements pour des achats responsables” lancée par la Compagnie des dirigeants et acheteurs de France (Cdaf).

Mais l’entreprise met déjà concrètement en pratique la RSE dans ses achats, dès le moment du choix de ses fournisseurs par ses qualiticiens et ses acheteurs. Ces derniers vérifient in situ la réalité des conditions de travail des salariés de leurs partenaires commerciaux. Ils peuvent ne pas être retenus si les audits concluent au non-respect de la législation. Par ailleurs, les contrats d’achat du fabricant incluent des clauses de rupture de la relation commerciale en cas d’entorse à la réglementation sociale de la part du fournisseur.

Legrand mène également une politique de sensibilisation à la sécurité et à la santé au travail à l’égard de ses filières d’approvisionnement. Le cahier des charges achats du groupe incite par exemple les prestataires à évaluer les risques professionnels et à prendre des mesures pour les maîtriser.

Encourager à mesurer l’efficacité des dispositions

Les sous-traitants sont aussi encouragés à mesurer à travers des indicateurs (taux d’accidents du travail, d’arrêts maladie, etc.), l’efficacité des dispositions prises en la matière. L’industriel se réserve d’ailleurs le droit d’organiser des audits sociaux et de réclamer ces informations à ses contractants. « Je demande aux acheteurs d’inciter nos fournisseurs à adhérer au pacte mondial », ajoute Jean-Pierre Rouffet. Bilan : près de 60 % du montant des achats du groupe est réalisé avec des entreprises partageant les principes du document de l’ONU. En interne, des sessions de sensibilisation et de formation destinées aux 300 acheteurs du groupe ont été organisées afin de les impliquer dans la démarche de RSE. Cette dimension de responsabilité sociale est d’ailleurs intégrée à hauteur de 10 % dans leurs objectifs.

En définitive, pour Jean-Pierre Rouffet, l’engagement éthique doit permettre d’anticiper les risques et de créer de la valeur sur la durée : « Mieux vaut prévenir les conflits sociaux que les régler a posteriori », souligne-t-il. Le responsable mise ainsi sur une gestion durable de la relation client-fournisseur : « Les entreprises impliquées dans la responsabilité sociale deviennent plus compétitives. On peut donc s’engager avec elles sur du plus long terme. »

LEGRAND

• Activité : fabrication de matériels et d’équipements électriques.

• Effectifs : 31 000 salariés, dont 6 700 en France.

• Chiffre d’affaires : 3,89 milliards d’euros en 2010.

Auteur

  • JOSÉ GARCIA LOPEZ