Si le secteur de l’aide et du soin à domicile évoque des activités en plein boom, créatrices d’emplois, il est également synonyme de forte accidentologie et de pénibilité. On y recense 48 accidents avec arrêt pour 1 000 salariés (au lieu de 38, tous secteurs confondus) et une exposition importante aux troubles musculo-squelettiques, entre autres symptômes.

Pour en venir à bout, dix associations basées en Languedoc-Roussillon, qui emploient chacune moins de 50 salariés, se sont engagées fin 2010 dans une opération de prévention en ciblant un facteur de risque : les efforts faits pour lever et soutenir des personnes qui ont perdu tout ou partie de leur autonomie.

Les associations ont équipé leur personnel d’un matériel adapté : drap de glissement pour redresser une personne sur son lit, guidon de transfert pour passer du lit au fauteuil (et inversement), ceinture de manutention pour aider le patient à se lever… L’utilisation de ces aides techniques a exigé une formation d’une demi-journée par un ergothérapeute. Il a fallu aussi convaincre les personnes aidées et leur famille, souvent réticentes. « Le matériel utilisé facilite le travail des aides-soignantes, mais il améliore aussi la sécurité des personnes aidées », assure Gisèle Gauby, infirmière coordinatrice dans un service de soins infirmiers à domicile, le Ssiad 66. Le bilan est d’autant plus positif qu’au travers de cette action destinée à améliorer leurs conditions de travail, « les salariées se sont senties valorisées, reconnues », selon Carole Allard, contrôleur de sécurité à la Carsat Languedoc-Roussillon. Cet organisme régional a porté l’ensemble de l’opération. Dans un premier temps, il a conduit une expérimentation : en juin 2010, Carole Allard a demandé à quatre associations, implantées dans les Pyrénées-Orientales, de tester quelques aides techniques aux domiciles des personnes aidées. Puis elle a mené une évaluation précise. « L’expérimentation a prouvé l’efficacité du matériel testé. Les utilisateurs l’ont bien accepté », souligne Fabrice Nouvel, président de l’association française des ergothérapeutes en gériatrie, qui a participé à l’étude. Ensuite, la Carsat a proposé de financer 70 % du matériel acheté (plafonné à 15 000 euros) et du coût de la formation. Et, à force de réunions d’information, elle a réussi à convaincre six associations, en plus de celles qui avaient participé au test, de faire les premiers pas.

Cette action témoigne de l’implication de la Carsat Languedoc-Roussillon sur la prévention dans le secteur de l’aide et du soin à domicile, sujet sur lequel la Cnamts lui a confié une mission nationale depuis 2006. La Carsat a ainsi mis en place un réseau régional avec des partenaires publics et privés, puis lancé des expérimentations dans plusieurs directions : la prévention du risque infectieux, l’évaluation des risques liées à l’état du logement, les risques psychosociaux et les aides techniques. Il y a urgence, selon Fabrice Nouvel, dans un secteur où « le personnel précaire, mal payé, pas formé, travaille dans des logements sous-équipés. Les gens ne sont pas préparés à porter des charges lourdes et à affronter des situations psychologiquement difficiles ».