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Allongement des carrières : un défi pour la santé

Actualités | publié le : 31.05.2011 | VIRGINIE LEBLANC

Du 31 mai au 10 juin 2011, la huitième édition de la semaine pour la qualité de vie au travail organisée par l’Anact se déroulera sur le thème de l’allongement de la vie au travail. Un sujet qui mobilisera fortement les entreprises dans les mois qui viennent autour de la discussion d’accords ou de plans d’action sur la pénibilité.

Selon un sondage commandé à TNS Sofres par l’Anact à l’occasion de la semaine de la qualité de vie au travail qui s’ouvre aujourd’hui, 55 % des salariés se disent inquiets des conséquences de leur emploi sur leur santé à long terme. Un sentiment renforcé par la perspective de l’allongement des carrières. « Pour ceux qui ont bénéficié du contrat social français incluant la retraite à 60 ans, le désappointement est réel », commente Jean-Baptiste Obéniche, directeur général de l’Anact. Les salariés les plus proches de la retraite et ceux du public sont d’ailleurs les plus nombreux (58 %) à envisager négativement la perspective de devoir travailler plus longtemps.

Contraintes physiques et risques psychiques

Pour l’ensemble des salariés, l’inquiétude porte autant sur les risques liés aux contraintes physiques que sur les risques psychiques, cités les uns et les autres par plus de 60 % des actifs.En toute logique, les ouvriers (71 %), les salariés du BTP (71 %) et ceux qui travaillent en alternance de jour et de nuit (69 %) se sentent le plus vulnérables. À l’inverse, les cadres et les jeunes s’estiment moins menacés.

Permettre aux salariés de bien vieillir

« Le principal souci en termes d’actions est d’apprendre ou de réapprendre à façonner l’organisation du travail de façon à permettre aux salariés de bien vieillir au travail », poursuit Jean-Baptiste Obéniche. Trois leviers d’action sont à cet égard préconisés par l’Anact : la préservation de la santé – en prenant aussi en compte les salariés qui subiront des maladies liées à leur âge, le développement des compétences et la stimulation de l’engagement.

« Pour les seniors actuellement au travail se pose la question des aménagements de poste et des conditions de travail, souligne Patrick Pierron, secrétaire national de la CFDT ; mais peu d’entreprises abordent ces sujets. Pour les remotiver, il faut faciliter la conciliation des temps entre travail et projets d’engagement dans la vie civile et associative, et des formations pour se préparer à la retraite. »

Pour l’heure, « les actions des entreprises demeurent fondées sur des “basiques” : entretiens, formation, développement des compétences et aménagements des fins de carrière », constate Nicole Raoult, consultante spécialisée dans l’emploi des seniors et dirigeante du cabinet Maturescence.

Les solutions retenues par les employeurs sont encore largement centrées sur la diminution du temps de travail et du temps de présence dans l’entreprise. Mais, si les ruptures conventionnelles sont également utilisées, elles ne sont pas spécifiquement ciblées sur les salariés âgés, selon la consultante. Malgré la fin des préretraites, la tentation est toujours forte d’écarter les salariés âgés de l’entreprise. Une tendance qui se reflète dans le faible taux d’emploi des seniors en France (38 %), comparé au taux européen de 46 % (lire ci-contre).

Au moment où la réforme des retraites était votée, Renault n’a pas hésité à proposer des dispenses d’activité pour 3 000 salariés postés de plus de 58 ans. L’accord Rhodia aussi prévoit la possibilité de partir à 60 ans pour les salariés travaillant sur les postes les plus pénibles – notamment le travail posté et de nuit – et garantit la recherche de postes de jour pour les seniors qui travaillent la nuit. À Sanofi-Aventis, l’accord entend établir quant à lui, viades commissions dédiées, un bilan exhaustif des situations de pénibilité pour réparer, compenser ou prévenir.

Assurer des reconversions

La branche du déménagement, qui a conclu un accord en novembre 2010 (seule la CGT n’est pas signataire), met l’accent sur des formations à la manutention, une surveillance accrue par la médecine du travail et, au-delà des aspects préventifs, envisage des mesures de reclassement et de reconversion professionnelle des salariés reconnus inaptes.

« Dans certains métiers, les salariés ne peuvent d’ores et déjà pas travailler jusqu’à 60 ans, souligne Denis Monneuse, expert à Entreprise & Personnel. Il faut alors assurer des reconversions, mais il n’existe pas forcément suffisamment de postes en interne. » À cet égard, il suggère la pratique de partage ou d’échange de salariés.

« Les entreprises savent bien qu’elles ne vont pas pouvoir garder une partie des salariés âgés. Une exclusion vers des dispositifs d’inaptitude est à prévoir, remarque Jean-François Naton, conseiller confédéral à la CGT ; d’autres structures prendront en charge la dégradation des conditions de travail : l’assurance maladie paiera les dégâts. »

« Les entreprises sont préoccupées par le sujet de l’inaptitude et elles nous interrogent sur la façon de travailler plus en amont avec les médecins du travail sur la prévention », rapporte Denis Monneuse.

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  • VIRGINIE LEBLANC