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« Peu d’entreprises se lancent à grande échelle »

Enquête | publié le : 05.07.2011 | V. G.-M.

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« Peu d’entreprises se lancent à grande échelle »

Crédit photo V. G.-M.

E. & C : On a parfois affirmé que le succès de la VAE passait par son appropriation par les entreprises ? S’en sont-elles vraiment emparées ?

V. M. : Indéniablement, lorsque la VAE s’inscrit dans un cadre collectif, c’est-à-dire lorsque l’employeur encourage cette démarche et l’accompagne, elle trouve tout son sens et constitue une marque de reconnaissance très importante pour les salariés qui s’y engagent. Il suffit d’assister à une remise de diplôme en présence de l’encadrement et des collègues des “lauréats” pour s’en convaincre. Pourtant, il est vrai que peu d’entreprises se lancent dans la démarche à grande échelle. La plupart connaissent la VAE mais considèrent qu’elle concerne chaque salarié individuellement. Les arguments pour ne pas en faire un outil de gestion des parcours et des compétences sont nombreux – notamment la crainte d’une demande d’augmentation de la rémunération ou de départ des salariés –, mais ils sont généralement peu fondés. La vérité est que beaucoup d’entreprises sont peu soucieuses de valoriser et de reconnaître les compétences de leurs salariés. Lorsque cette volonté existe, par exemple pour favoriser l’accès à un premier niveau d’encadrement de personnes “issues du rang”, alors la VAE s’impose comme une démarche pertinente.

E. & C : La VAE est-elle reconnue comme une modalité importante de sécurisation des parcours ?

V. M. : Elle est surtout vécue comme un moyen de réassurance et de reconnaissance. L’idée qu’un diplôme acquis en milieu de carrière pourrait constituer un passeport pour retrouver un emploi ou en trouver un meilleur ne joue que pour une partie de la population qui s’engage dans la démarche. Après une VAE, on est davantage sûr de soi, et également plus conscient de ses lacunes. C’est une étape importante pour rebondir, élaborer un nouveau projet ; ce n’est pas une garantie contre le chômage, sauf dans les cas ou l’accès à l’emploi est conditionné par l’obtention d’un diplôme, par exemple pour des aides-soignantes ou dans des professions réglementées.

E. & C : La VAE ne détourne donc pas les salariés de la formation ?

V. M. : Bien au contraire. Tous ceux qui ont obtenu partiellement ou en totalité un diplôme ou un titre par la VAE souhaitent continuer à progresser et à se former. Ils reconnaissent d’ailleurs qu’ils ont parfois plus appris en préparant leur dossier de VAE qu’en suivant des cours. La VAE est en soi un acte de formation à travers la « mise en mot » de son expérience.

E. & C : La VAE n’entretient-elle pas la culture du diplôme ?

V. M. : On devrait plutôt dire que la VAE a été inventée parce que la France a la culture du diplôme. Peut-être renforce-t-elle l’idée que le diplôme est un sésame pour l’accès aux emplois. Mais elle contribue à changer la représentation de ce qu’est un diplôme : non pas la sanction d’un parcours de formation dans un système d’apprentissage formel, basé sur la réussite académique ; mais un gage d’aptitude, de connaissances et de compétences, en rapport avec l’exercice d’une activité professionnelle. On oublie que l’effet principal de la VAE a été le réexamen de la plupart des référentiels de diplômes dans cet esprit.

Auteur

  • V. G.-M.