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La crise plombe les perspectives d’augmentations

Actualités | publié le : 13.09.2011 | CAROLINE FORNIELES

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La crise plombe les perspectives d’augmentations

Crédit photo CAROLINE FORNIELES

Au cours de l’été, les employeurs envisageaient une hausse possible de 3 % des rémunérations, selon l’étude d’Aon Hewitt publiée le 6 septembre. Mais ce scénario passera-t-il l’hiver, alors qu’une autre société d’étude annonce des augmentations nulles ? Le plan d’austérité du gouvernement concerne aussi les entreprises, et la dégradation des indicateurs économiques laisse penser que la crise s’installe durablement.

La présentation le 6 septembre de l’étude du cabinet Aon Hewitt, en plein débat parlementaire sur le budget d’austérité gouvernemental, a suscité l’attention. Après avoir sondé 183 entreprises du 1er juillet au 19 août, le cabinet présente un scénario relativement optimiste pour 2012, avec une hausse moyenne de 3 % des rémunérations.

Un taux certes inférieur aux niveaux d’avant-crise proches de 3,5 %, mais qui signerait une embellie par rapport à 2010 (+ 2,6 %) et 2011 (+ 2,8 %). Les augmentations générales (+ 1,9 %) seraient supérieures à l’inflation annoncée à 1,7 % pour 2012. Et les augmentations individuelles (+ 2,7 %) plus nombreuses qu’en 2011 (+ 2,3 %).

Les cols blancs, qui s’en sont plutôt mieux sortis en 2010 et 2011 (lire l’article ci-contre), pourraient aussi espérer des gestes individuels plus conséquents. Enfin, les rémunérations variables sur objectifs, qui concernent désormais 94 % des entreprises, poursuivraient leur diffusion en direction des non-cadres. Pour Ariane de Calbiac, responsable de l’activité conseil en rémunération d’Aon Hewitt : les entreprises rechercheraient en 2012 « un juste équilibre entre maintien du pouvoir d’achat de tous, rétention des talents et maîtrise des coûts ».

Mais la photo de vacances d’Aon Hewitt pourrait se ternir. Les mauvaises nouvelles s’accumulent sur le front de l’économie : avec une croissance d’à peine 1,7 % attendue par le gouvernement, la crise s’installe durablement. Le 8 septembre, la Banque centrale européenne évoquait même une croissance de 1,3 % seulement pour la zone euro.

Rester prudent

« Il convient d’être prudent, estime ainsi Jean-Christophe Sciberras, président de l’Andrh. Interrogés cet été, les DRH ne pouvaient pas évaluer la détérioration de la conjoncture internationale, qui s’aggrave depuis la mi-août. Si une hausse de 3 % a pu être envisagée, il me semble plus probable qu’on ne dépasse pas en 2012 le niveau des hausses de cette année. »

Les DRH n’adhèrent pas pour autant aux scénarios les plus pessimistes, comme celui de la note de Xerfi Previsis du 8 septembre, qui prévoit des « hausses nominales et personnalisées réduites » et « des augmentations collectives proches de zéro ». Ce serait la conséquence de la conjoncture, de la prime de partage des dividendes, mais aussi du plan d’austérité gouvernemental, qui impose des hausses de charges sociales (heures supplémentaires, forfait social, etc.) et qui provoquera une forte augmentation des tarifs des mutuelles (lire Entreprise et Carrières n° 1060). « Cela ne me paraît pas sérieux, commente Jean-Christophe Sciberras. Vous imaginez, en France, aucune augmentation générale ? Cela mettrait les entreprises à feu et à sang. Quant aux hausses de charges sociales ou augmentations des tarifs des mutuelles, elles ne sont pas de nature à avoir un tel impact sur les politiques de rémunération des entreprises. »

Un avis partagé par des économistes de l’OFCE : « Certes, certaines entreprises en difficulté pourront prendre prétexte de ces mesures du plan d’austérité pour ne rien accorder, commente Henri Sterdyniak. Mais, il y aura plus vraisemblablement des renégociations d’accords d’intéressement ou des réajustements à la baisse de l’épargne salariale ou des garanties des mutuelles. » Les entreprises ne peuvent pas geler les salaires aussi facilement que l’État le fait dans la fonction publique (où le point d’indice n’augmentera pas pour la deuxième année consécutive). « Certes, la conjoncture générale est mauvaise, mais beaucoup d’entreprises s’en sortent encore, estime Henri Sterdyniak. S’il faut vraiment donner un chiffre, je pencherais plutôt pour des augmentations faibles autour de 2,5 % ».

Inquiétude sur la santé des entreprises

« Quand bien même on atteindrait 3 % de hausse, c’est un niveau qui reste modeste », renchérit son confrère Gérard Cornilleau. Rien à voir avec un scénario de sortie de crise où l’on aurait pu espérer 4 % de hausse. » Un horizon qui semble résolument s’éloigner aux États-Unis et en Europe. « Le cercle est vicieux : les États se sont endettés pour soutenir l’économie, poursuit-il. Ils s’attachent aujourd’hui à se désendetter alors que tous les indicateurs sont encore au rouge. »

Par ailleurs, il s’inquiète pour la santé des entreprises : « Grâce à des gains de productivité, des baisses de charges et plus de flexibilité, elles ont pu se créer un matelas et amortir les effets de la crise. Mais ce matelas s’est considérablement réduit en trois ans. » Bref, le regain de pouvoir d’achat s’éloigne encore un peu plus.

Auteur

  • CAROLINE FORNIELES