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Enquête

QUAND UN ACCORD NE SUFFIT PAS : LE CAS HSBC

Enquête | publié le : 11.10.2011 | MARIETTE KAMMERER

L’accord temps de travail conclu en 2008 par HSBC France fixe le forfait à 210 jours par an et rappelle que 10 heures de travail dans la journée est un maximum, qui doit rester exceptionnel. « Il est de la responsabilité des managers de veiller à ce que les cadres ne travaillent pas davantage, et à ce qu’ils prennent bien leurs congés, estime Philippe Saquet, DRH adjoint. De plus, nous ne rémunérons plus les jours de RTT non pris, pour inciter les cadres à récupérer et à veiller à l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. » Selon lui, moins de 10 % des cadres ont dépassé leur forfait.

En parallèle, la direction générale a rappelé, en octobre dernier, quelques règles d’usage : pas de téléphone portable hors des horaires de travail, pas de réunions après 18 heures, etc. D’ici à 2012, 1 600 managers auront suivi une formation de 4,5 jours sur le pilotage de la relation managériale. Objectif ? « Renforcer leur intervention sur l’organisation du travail et l’accompagnement des collaborateurs en difficulté, indique Philippe Saquet. Le manager doit s’assurer au jour le jour que les cadres ne sont pas en surcharge de travail. » L’accord prévoit d’ailleurs un entretien annuel avec le manager pour discuter de sa charge.

Normalisation des anomalies

Or, dans la pratique, les choses se compliquent. « L’amplitude de 10 heures devient du quotidien et non plus de l’exceptionnel, dénonce Jean Colomar, délégué CGT. Les directions le savent mais ferment les yeux. » Des dérives corroborées par l’inspection du travail. Alertée par le CHSCT à la suite d’une expertise portant sur le malaise grandissant des salariés dans un service bien précis, celle-ci a constaté, sur un peu plus d’un mois, « plus d’une centaine d’anomalies, avec des personnes qui arrivent très tôt le matin, ne prennent pas de pause déjeuner et partent à 23 heures, minuit, voire une heure du matin, rapporte Gérard Huger, délégué national CFTC. Et toutes ces anomalies concernent une vingtaine de salariés au forfait-jours ».

La direction ne commente pas cet épisode mais indique vouloir rapidement mettre en œuvre des mesures correctives. « Nous avons commencé à débattre du problème en négociation sur les risques psychosociaux », indique Gérard Huger, pour qui « il faut un meilleur contrôle du temps de travail des salariés au forfait-jours. Un système autodéclaratif des jours travaillés ne suffit pas ».

Redéfinir la notion d’autonomie

Selon Jean Colomar, plusieurs points sont à améliorer : « Il faut arrêter de demander à ces salariés de poser une demi-journée de congé quand ils ne travaillent pas l’après-midi puisqu’ils sont supposés être autonomes, et redéfinir la notion d’autonomie qui, pour certains cadres au forfait, n’est pas réelle. » L’accord précise pourtant les métiers pour lesquels ce décompte est utilisé (responsables d’agence et conseillers entreprises), et prévoit qu’il soit laissé au choix des conseillers patrimoine et chargés de clientèle professionnels. Au final, 78 % des cadres de HSBC sont au forfait-jours.

Auteur

  • MARIETTE KAMMERER