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AllemagneTRUMPF AMÉNAGE LES HORAIRES POUR CHAQUE “PHASE DE VIE”

Pratiques | International | publié le : 11.10.2011 | MARION LEO, À BERLIN

Confrontées à une pénurie croissante de travailleurs qualifiés, des entreprises, pour les attirer, proposent des modèles de temps de travail adaptés aux “phases de vie” des salariés. Le groupe Trumpf en est un pionnier.

Il y a peu, la flexibilité du temps de travail en Allemagne était essentiellement perçue comme un instrument au service de l’employeur, lui permettant de réagir aux fluctuations de la demande. Mais la pénurie croissante de main-d’œuvre qualifiée, liée à l’évolution démographique du pays, et la chasse mondiale aux meilleurs talents sont en train de changer la donne. La question du temps de travail est de plus en plus envisagée du point de vue du salarié et de ses besoins individuels. Le groupe Trumpf, spécialiste de la machine-outil et leader mondial dans les technologies laser, joue, à cet égard, un rôle d’avant-garde.

Pour fidéliser le personnel ou recruter des salariés, il a réfléchi, comme d’autres employeurs, à de nouveaux modèles de temps de travail se fondant sur les “phases de vie” des salariés. Mais il est allé un peu plus loin. Ainsi, en mai dernier, Trumpf, dirigé par Nicola Leibinger-Kammüller, fille du fondateur du groupe, a annoncé avoir conclu, avec le syndicat IGMetall, un modèle de temps de travail d’une flexibilité inédite. Tous les deux ans, les 4 000 salariés allemands du groupe pourront, à compter de janvier 2012, fixer eux-mêmes leur temps de travail hebdomadaire, dans une fourchette allant de 15 à 40 heures pour ceux possédant un contrat de travail de 35 heures hebdomadaires. Ils pourront décider de travailler moins pour, par exemple, s’occuper d’un enfant en bas âge, d’une personne en situation de dépendance, ou, au contraire, d’augmenter leur activité pour rembourser un crédit immobilier, financer un projet, etc. À l’issue de ces deux ans, ils pourront à nouveau changer leur temps de travail ou revenir à leur horaire initial.

Un “compte pour la famille et la formation”

Ce n’est pas tout : les salariés auront également la possibilité d’alimenter un nouveau compte épargne-temps baptisé “compte pour la famille et la formation continue” en y versant des heures de travail – 1 000 heures au maximum –, afin de prendre plus tard un congé allant de six semaines à six mois. Enfin, dernier dispositif du modèle : les salariés souhaitant prendre un congé sabbatique allant jusqu’à deux ans pourront décider de travailler un an avec un salaire réduit de moitié, et partir ensuite un an, tout en continuant à percevoir la moitié de leur salaire.

« Les exigences des salariés envers leur poste de travail évoluent au cours de la vie : un jeune diplômé de 25 ans souhaite travailler autrement qu’un père ou une mère de 40 ans. Celui qui économise pour financer la construction d’une maison a d’autres souhaits en termes de temps de travail qu’une personne devant s’occuper d’un proche », explique Nicola Leibinger-Kammüller, avant d’ajouter : « Les souhaits des salariés deviennent de plus en plus individuels. Cette tendance va se renforcer à l’avenir, et nous y répondons dès aujourd’hui. » Claus Zemke, porte-parole de l’entreprise, est encore plus clair : « Face à la pénurie de plus en plus grande de travailleurs qualifiés, nous voulons nous présenter comme un employeur attractif. »

À ce jour, le groupe Trumpf n’est certes pas encore touché par cette pénurie, mais cela peut changer. À cet égard, l’entreprise a déjà atteint son objectif : depuis l’annonce de son modèle de temps de travail, le nombre de candidatures spontanées a fortement augmenté.

Négociations dans la chimie

D’autres modèles de temps de travail “tout au long de la vie” sont en cours de négociation, notamment dans la chimie. Connus pour leurs accords collectifs innovants, ses partenaires sociaux négocient à l’heure actuelle un accord collectif qui permettrait aux 36 000 salariés de la branche en ex-RDA de réduire leur temps de travail, en fonction de leur situation personnelle, sans perte de salaire. Cette RTT provisoire serait financée par un fonds spécial mis en place par les entreprises. Un tel système constituerait une première outre-Rhin : inscrit dans un accord collectif et non plus négocié au niveau de l’entreprise, ce modèle de RTT deviendrait pour les salariés concernés un droit, et s’imposerait à leur entreprise.

Auteur

  • MARION LEO, À BERLIN