Des trois dimensions du développement durable – l’environnement, l’économique et le social –, la dernière est la plus souvent oubliée. Pourtant, la prise en compte du social est nécessaire pour que développement économique et respect de l’environnement n’aient pas pour corollaire l’exploitation des travailleurs. Si, en effet, le concept de développement durable est une gageure en ce qu’il prétend réconcilier des aspects qui peuvent parfois paraître contradictoires – la croissance d’un côté, les territoires et les populations de l’autre –, ne pas tenir compte de ceux liés au travail met en péril les politiques environnementales et économiques. Le chômage ou les conditions d’emploi dégradées privent en effet les individus du moyen de défendre leur environnement et les excluent de la croissance.

Rémi Bazillier, économiste et maître de conférences à l’université d’Orléans, rappelle que le rapport de Brundtland, qui définissait en 1987 le concept de développement durable, désignait le travail comme un besoin humain fondamental. Il note par ailleurs le lien fort entre les conditions d’emploi des populations et la situation environnementale des pays. Au-delà des logiques de profit à très court terme, le progrès social peut, selon lui, constituer un moteur de croissance à l’échelle mondiale. Ce qui est finalement une bonne nouvelle, à la fois pour les pays pauvres, qui ne seraient donc pas condamnés à devenir les poubelles industrielles du monde, et pour nos économies développées, dont le dynamisme est bien chancelant.

Le Travail, grand oublié du développement durable

Rémi Bazillier, Le Cavalier Bleu, 220 pages, 19 euros.