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LE TERMINAL MÉTHANIER DE DUNKERQUE anticipe les enjeux de formation et d’emploi

Pratiques | publié le : 25.10.2011 | FRANÇOIS LECOCQ

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LE TERMINAL MÉTHANIER DE DUNKERQUE anticipe les enjeux de formation et d’emploi

Crédit photo FRANÇOIS LECOCQ

La construction de cet équipement de regazéification à Dunkerque doit permettre la création nette de 1 700 emplois et la mise en place de 235 000 heures de formation d’ici à 2015. Afin de réussir ce pari, les entreprises exploitantes et les partenaires publics travaillent ensemble depuis deux ans pour définir et satisfaire les besoins du plus important chantier industriel de France.

Annoncée dès 2006 (mais confirmée d’un point de vue financier par le groupe EDF seulement en juin dernier), la création du nouveau terminal méthanier à Dunkerque est entrée dans sa phase de réalisation. Début juillet, les différents partenaires privés et publics concernés ont rappelé, lors d’une conférence de presse, les enjeux en termes d’emplois et de formation de ce vaste chantier, qui doit s’achever en 2015: « Nous avons ici toutes les compétences nécessaires pour réussir ce projet, qui représente une chance unique », confirme Jo Dairin, vice-président de la communauté urbaine de Dunkerque en charge du développement économique.

Gestion prévisionnelle des emplois et compétences

En concurrence avec plusieurs autres sites en France, le port nordiste a en effet été retenu par le groupe EDF (via sa filiale Dunkerque LNG) non seulement pour ses réserves foncières mais aussi et surtout pour l’expérience et les savoir-faire industriels acquis ici depuis quatre décennies au moins. « Représentant un investissement de 2,5 milliards d’euros, ce chantier, par son ampleur, n’a pas d’équivalent en France à ce jour ; en sachant qu’il doit, dès sa mise en service fin 2015, conforter l’indépendance énergétique de la France », poursuit Martine Bonny, présidente du directoire du Grand Port Maritime de Dunkerque.

Au-delà de l’investissement, des enjeux énergétiques (capacité annuelle de regazéification de 13 milliards de mètres cubes, soit 20 % des importations actuelles de gaz naturel en France) et en faisant abstraction de son impact environnemental (le site est classé Seveso), ce projet industriel se singularise par la préparation anticipée de sa bonne mise en œuvre par les entreprises exploitantes (LNG et GRT Gaz) et leurs interlocuteurs publics aux niveaux régional et local. Principalement concernant la gestion prévisionnelle des besoins pour la formation et les recrutements. « Dans ces deux domaines, la préparation des compétences le plus en amont possible du chantier est un élément déterminant pour sa réussite, comme l’illustre la convention signée dès fin 2008 avec la Maison pour l’emploi, qui a permis de mettre en place une GPEC pour identifier et anticiper les besoins en formation sur le territoire concerné près de deux ans avant la confirmation définitive de réalisation du projet », se réjouit Marc Girard, président de Dunkerque LNG.

Une quarantaine de métiers industriels

Alors que les opérations d’accès au site et de terrassement ont déjà commencé, la construction du terminal doit favoriser la création nette de 1 700 emplois, correspondant à une quarantaine de métiers majoritairement industriels, ainsi que la mobilisation de 235 000 heures de formations spécialisées pendant les quatre années du chantier (3 millions d’heures de travail prévues).

Pôle emploi et Entreprendre Ensemble (association dunkerquoise rassemblant la mission locale de l’agglomération, le plan local pour l’insertion et l’emploi, l’école de la deuxième chance et la Maison de l’emploi région dunkerquoise) se sont associés pour fédérer les actions de tous les partenaires impliqués, afin de faciliter les démarches et les attentes des demandeurs d’emploi, des salariés déjà en poste et des entreprises.

« La GPEC a défini un besoin global de 235 000 heures de formation et identifié les besoins selon les métiers et les phases du chantier. Soit 80 000 heures dédiées au secteur du bâtiment (terrassement, voirie, ferraillage, menuiserie, chauffage, électricité…) destinées à 247 demandeurs d’emploi, 150 000 heures pour les métiers industriels (calorifugeage, chaudronnerie, cryogénie, soudage, mécanique) pour 258 demandeurs d’emploi, et enfin 5 500 heures pour les services (sécurité et entretien des locaux) pour 25 personnes », précise Michel Tibier, directeur d’Entreprendre Ensemble.

Financé par Pôle emploi et la région Nord-Pas-de-Calais, le dispositif de formation (2,5 millions d’euros) s’adresse en priorité aux publics les plus éloignés de l’emploi. Ainsi, pour accompagner les clauses emploi, 160 000 heures - soit 5 % des marchés passés par Dunkerque LNG et le Grand Port Maritime - seront réservées dans les appels d’offre aux parcours d’insertion.

Le Point emploi, guichet unique

La création avant la fin de l’année d’un guichet unique, le Point emploi, facilitera les démarches des entreprises. En effet, il sera seul habilité à recevoir et à traiter les candidatures. Animé par une équipe de 5 à 6 agents issus de Pôle emploi et d’Entreprendre Ensemble, il aura aussi pour ambition de gérer toutes les questions relatives à l’emploi, au recrutement et à la formation, tout en favorisant l’insertion professionnelle via un contrat unique d’insertion, ainsi que l’alternance et l’embauche des femmes. Enfin, un numéro vert (0 800 100 359) a été mis en service début septembre.

Malgré cette large mobilisation, il convient toutefois de replacer les retombées de ce vaste chantier dans le contexte du bassin d’emploi dunkerquois. Avec un taux de chômage de 12,3 % au dernier trimestre 2010, celui-ci compte 13 000 demandeurs d’emploi à comparer aux 1 700 créations nettes prévues et réparties pendant les différentes phases de construction du terminal. Et sachant qu’une fois entré en exploitation fin 2015, celui-ci ne devrait fonctionner qu’avec 70 personnes, emplois directs et indirects confondus. Il conviendra sans doute alors de mettre en œuvre un dispositif de reclassement pour celles et ceux ayant participé à sa seule construction.

L’ESSENTIEL

1 Ce projet industriel concerne 20 % des importations actuelles de gaz naturel de la France.

2 Parmi les 235 000 heures de formation prévues, 80 000 iront au secteur du bâtiment, 150 000 aux métiers industriels et enfin 5 500 aux métiers des services.

3 Un guichet unique et un numéro vert doivent servir d’interface emploi-formation entre les salariés, les demandeurs d’emploi intéressés et les entreprises.

CHIFFRES CLÉS

→ 1 700 emplois en création nette de 2011 à 2015.

→ 235 000 heures de formations spécialisées (travaux publics, cryogénie, tuyauterie…).

→ 2,5 millions d’euros investis dans le dispositif d’accompagnement et de formation par l’État, Pôle emploi, la région Nord-Pas-de-Calais, la communauté urbaine de Dunkerque et Entreprendre Ensemble.

→ 2,5 milliards d’euros d’investissement total (dont 1,2 pour GRT Gaz, 1 pour Dunkerque LNG et 130 millions d’euros pour le GPM) concernant la construction du terminal et de l’unité de regazéification, et la création de 191 km de canalisation pour les relier au réseau de transport de GRT Gaz.

Auteur

  • FRANÇOIS LECOCQ