logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

ASSOUPLIR LES DISPOSITIFS D’ÉPARGNE

Enquête | publié le : 08.11.2011 | JOSÉ GARCIA LOPEZ

La firme clermontoise s’offre un toilettage de son système d’épargne retraite. À la clé, deux nouveaux dispositifs : un régime à cotisations obligatoires pour tous ses salariés et un Perco plus musclé, abondé à 100 %.

Sortie de route en douceur pour le régime à prestations définies de Bibendum. Conclus en septembre dernier, trois accords détricotent ce dispositif et combinent deux nouveaux outils effectifs dès le 1er janvier 2012. En vigueur jusqu’à la fin de l’année, le régime article 39 ainsi détrôné laissait en effet la majorité des salariés sur le bas-côté puisqu’il ne concernait à ce jour que 17 % des effectifs, soit quelque 500 personnes.

Accessible à tous

Cela tient aux conditions d’éligibilité du modèle actuel : présence dans l’entreprise au moment de la prise de retraite, dix ans d’ancienneté minimum et taux de remplacement brut inférieur à 55 % lors de la liquidation. De ce fait, Stéphane Roy de Lachaise, directeur du service du personnel de Michelin France, juge qu’il ne répond plus aux attentes des salariés : « Dans un contexte de baisse des prestations de retraite obligatoires, il est de notre responsabilité sociale d’employeur de donner un accès à un complément de revenu à l’ensemble de notre personnel. » Selon le responsable, le système actuel pèche par son manque de flexibilité : « Les salariés n’ont pas le choix dans leurs apports, et l’outil manque également de souplesse dans son utilisation : le complément de retraite est versé exclusivement sous forme de rente. » Il faut dire aussi qu’étant donné la chute des taux de remplacement « ce régime aurait concerné à courte échéance de plus en plus de salariés et comporté des risques de dérive financière pour l’entreprise », glisse Alain Chabanon, de la CFDT. Dans ces conditions, l’un des accords substitue à ce régime un dispositif d’épargne à cotisations obligatoires, article 83, pour les 22 000 “Bibs” de l’Hexagone. Le taux global de cotisation fixé à 1,2 % du salaire brut se décompose en 1 % de part patronale et une contribution de 0,2 % à la charge des salariés. « Ce système est bien plus égalitaire que le précédent », commente le représentant de la CFDT, signataire de l’accord avec tous les autres syndicats à l’exception de la CGT. « C’est un réel avantage pour les salariés, et notamment pour les plus jeunes », appuie à son tour Philippe Salles, délégué SUD.

Portabilité des droits

Autre motif de satisfaction pour les partenaires, le dispositif de Michelin prévoit les versements individuels facultatifs et, contrairement aux régimes à prestations définies, l’article 83 permet la portabilité des droits. Et, partant, pérennise l’effort d’épargne, les sommes capitalisées restant acquises : « Chaque salarié, accompagné par l’entreprise, doit pouvoir construire lui-même sa retraite pendant la durée de sa vie professionnelle. Il ne doit pas être pénalisé s’il quitte l’entreprise avant son départ à la retraite », énonce le directeur.

En instaurant le nouveau système, la direction a par ailleurs veillé à ménager les bénéficiaires du régime actuel, en particulier les collaborateurs proches du départ à la retraite. L’un des accords du 5 septembre prévoit ainsi une sortie en sifflet de l’article 39 : « La dégressivité sera très progressive et la période de transition entre les deux régimes très longue », assure Stéphane Roy de Lachaise. Le régime, dont l’arrêt définitif est programmé pour 2046, baissera ainsi de 0,25 % par an au cours des dix prochaines années.

Retraite chapeau

Le système de retraite des cadres dirigeants instauré en 2010 perdure quant à lui. Cet outil ne concerne qu’une cinquantaine des plus hauts revenus de l’entreprise. Il garantit un supplément de revenu égal à 1,5 % de la rémunération annuelle brute par année d’ancienneté, pouvant aller jusqu’à 35 % du salaire brut.

Moins décrié par les syndicats que cette retraite chapeau, le Perco actuel, négocié en 2007, a pour sa part été revisité par la direction et les organisations syndicales. L’équipementier va dorénavant abonder à hauteur de 100 % les sommes versées par les volontaires, dans la limite de 2,5 % du salaire annuel brut et de 16 % du plafond de la sécurité sociale, soit 5 600 euros. Jusqu’à présent, l’abondement limité à 0,6 % du salaire annuel brut variait en fonction de la somme versée, de l’âge des personnes ou de leur ancienneté.

Peu d’adhésions

Michel Chevalier, représentant CGT, non signataire de l’accord Perco tout comme SUD, estime que, « si 75 % des salariés n’ont pas adhéré à ce Perco, c’est parce que la plupart n’en avait pas les moyens ! » À partir de janvier prochain, pour obtenir l’abondement maximum autorisé par le nouveau plan d’épargne, le salarié devra investir environ 3,2 % de ses revenus nets. Dans un communiqué, la CGC doute de « la capacité de beaucoup de salariés à placer 3,4 % de leurs revenus – 3,2 % du Perco et 0,2 % de l’article 83 – sur un placement dont ils ne toucheront les bénéfices qu’à leur retraite ». Le syndicat craint par là-même que le Perco ne reste qu’un « simple effet d’affichage ». Pour la direction, un écueil à éviter. Et de grandes campagnes pédagogiques en perspective, afin de « rendre le salarié acteur de sa retraite ».

MICHELIN

• Activité : équipementier automobile.

• Effectifs : 105 100 salariés, dont 22 000 en France.

• Chiffre d’affaires 2010 : 17,9 milliards d’euros.

Auteur

  • JOSÉ GARCIA LOPEZ