E & C : Votre mobilisation contre la baisse de 34 % des financements de l’État a-t-elle porté ses fruits ?

Marie-Pierre Establie d’Argencé : La première étape a été franchie le 4 novembre avec le vote par les députés de 15 millions d’euros. Nous espérons que le Sénat nous permettra de maintenir à 64,4 millions le budget des maisons de l’emploi. La nouvelle coupe budgétaire décidée cette année par l’État témoigne d’une vision centralisatrice des politiques d’emploi, tandis que nous avons fait la démonstration que les dispositifs ancrés dans les territoires apportent une réelle plus-value. Les 196 maisons de l’emploi (1 759 salariés) sont des outils d’animation du territoire, d’observation et de consolidation des politiques.

Leur cœur de métier, c’est la gestion prévisionnelle territorialisée des emplois et des compétences (GPTEC) sur laquelle nous sommes en veille permanente.

E & C : On a reproché aux maisons de l’emploi de doublonner avec Pôle emploi…

M.-P. E. d’A. : Si cela a pu être très rarement le cas, c’est terminé. Les maisons de l’emploi (MDE) ne se substituent ni à Pôle emploi ni aux missions locales. Elles ont vocation à réaliser des diagnostics de territoires permettant la mise en œuvre de politiques anticipatrices.

La baisse répétée de leur budget pose un problème de fond : les outils territoriaux ont-ils encore une place ? À la différence des prestataires privés qui se déplacent le temps d’une mission, pour des coûts prohibitifs, les MDE proposent une action dans la durée. Elles tirent leur légitimité de leur ancrage territorial et de leur capacité à fédérer les acteurs locaux. Leur valeur ajoutée est saluée dans de nombreux domaines : le développement économique et social, le développement durable, la politique de la ville, l’égalité des chances, l’ingénierie des clauses sociales dans les marchés publics. Elles sont un outil au service des politiques intercommunales. Nous en débattrons les 8 et 9 décembre prochains à Rennes, lors des Journées nationales des MDE et des PLIE.